Le Parlement salvadorien, largement contrôlé par les partisans de Nayib Bukele, a adopté le 31 juillet 2025 une réforme constitutionnelle majeure. Cette réforme :
- Supprime la limitation du nombre de mandats présidentiels, permettant à Bukele de se représenter indéfiniment ;
- Allonge le mandat présidentiel de 5 à 6 ans ;
- Supprime le second tour de scrutin présidentiel, renforçant la logique du « tout ou rien » au premier tour.
Adoptée à la hâte par 57 députés contre 3, la réforme avance la fin du mandat actuel de Bukele à 2027, ouvrant ainsi la voie à sa réélection anticipée.
📉 « La démocratie est morte »
Pour l’opposition, c’est un coup de force. La députée Marcela Villatoro dénonce une dérive autoritaire :
« Aujourd’hui, la démocratie est morte au Salvador. Ils ont tombé leurs masques. »
Cette réforme s’inscrit dans un processus amorcé en 2021, lorsque la Cour suprême – remaniée par Bukele – a autorisé une réélection pourtant interdite par la Constitution.
🔥 Sécurité contre libertés
Bukele est porté par une popularité écrasante, grâce à sa guerre contre les gangs (« maras »), qui a fait chuter la criminalité.
Mais cette sécurité a un prix :
- 87 000 personnes arrêtées sous état d’exception en 3 ans ;
- 430 morts en détention, selon les ONG ;
- Détentions massives sans procès équitable ;
- Journalistes, défenseurs des droits humains et opposants poussés à l’exil.
🇺🇸 Un allié pour Trump
Bukele est aussi devenu un allié stratégique pour les États-Unis de Donald Trump dans la lutte contre l’immigration illégale, acceptant sur son sol des migrants expulsés, notamment 252 Vénézuéliens détenus dans sa méga-prison, le Cecot.
đź§© Un tournant autoritaire ?
Cette réforme constitutionnelle marque un tournant. En brisant le principe de l’alternance et du pluralisme, Bukele consolide son pouvoir personnel sous couvert de popularité.
Faut-il sacrifier la démocratie au nom de la sécurité ?
Le Salvador entre dans une ère où cette question ne sera plus seulement rhétorique — mais existentielle