Tianjin (Chine) – Le président russe Vladimir Poutine est attendu ce dimanche matin dans la métropole portuaire de Tianjin pour participer au sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), une rencontre qui se veut un contrepoids à l’Occident dans un contexte international marqué par la guerre en Ukraine, les tensions nucléaires iraniennes et la rivalité sino-indienne.
Aux côtés de son hôte chinois Xi Jinping, Poutine retrouvera une vingtaine de dirigeants eurasiatiques, dont le président iranien Massoud Pezeshkian, son homologue turc Recep Tayyip Erdogan et le premier ministre indien Narendra Modi. La présence exceptionnelle du leader nord-coréen Kim Jong Un, rarement en déplacement à l’étranger, souligne l’importance diplomatique de ce rendez-vous.
Des discussions sensibles à l’agenda
Dès lundi, Vladimir Poutine doit s’entretenir à Tianjin avec Recep Tayyip Erdogan sur le dossier ukrainien, puis avec Massoud Pezeshkian sur les enjeux nucléaires iraniens. Une rencontre bilatérale est également prévue avec le Premier ministre indien Narendra Modi.
Le président russe rejoindra ensuite Pékin mardi pour une réunion officielle avec Xi Jinping. Les deux dirigeants affichent une relation qualifiée de « stratégique » par le chef d’État chinois, dans un monde décrit comme « troublé et changeant ».
Mercredi, Poutine prolongera son séjour pour assister au grand défilé militaire célébrant les 80 ans de la victoire chinoise contre le Japon à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
L’ombre de la guerre en Ukraine
La présence de Kim Jong Un à Tianjin attire particulièrement l’attention. Pyongyang est devenu l’un des principaux alliés de Moscou dans le conflit ukrainien. Selon des sources occidentales et sud-coréennes, la Corée du Nord aurait envoyé des milliers de soldats combattre aux côtés de l’armée russe.
Même si aucune rencontre officielle n’a encore été confirmée entre Vladimir Poutine et le leader nord-coréen, leur présence commune à Pékin alimente les spéculations.
De nombreux alliés de Kiev soupçonnent Pékin de soutenir discrètement la Russie. La Chine, pour sa part, se dit neutre et accuse les Occidentaux de prolonger la guerre en armant l’Ukraine.
L’OCS, un contrepoids à l’Otan
Créée en 2001, l’Organisation de coopération de Shanghai compte aujourd’hui 10 États membres et 16 observateurs ou partenaires. Elle représente près de la moitié de la population mondiale et 23,5 % du PIB planétaire.
Présentée comme un modèle de multilatéralisme, l’OCS se positionne en opposition aux « mentalités de Guerre froide » et aux « confrontations géopolitiques dépassées », selon la rhétorique chinoise. Pour Moscou comme pour Pékin, il s’agit d’affirmer un ordre mondial multipolaire plus juste, capable de rivaliser avec l’influence des États-Unis et de leurs alliés de l’Otan.
Un sommet sous tensions régionales
Malgré l’image d’unité affichée, l’OCS n’échappe pas aux contradictions internes. La Chine et l’Inde, toutes deux membres, demeurent des rivales stratégiques après des affrontements frontaliers en 2020. Mais face aux sanctions américaines et aux tensions commerciales, les deux géants asiatiques tentent un rapprochement prudent.
La participation de Narendra Modi à Tianjin, sa première visite en Chine depuis 2018, illustre ce fragile équilibre entre coopération régionale et compétition stratégique.
Ce sommet, présenté comme le plus important depuis la création de l’OCS, pourrait marquer une nouvelle étape dans la recomposition de l’ordre mondial, en affirmant l’émergence d’un bloc eurasiatique face à l’influence occidentale.