Par Smith PRINVIL
À l’heure où les océans suffoquent sous le poids de la pollution, de la surexploitation et du changement climatique, Haïti, malgré ses crises internes, affirme sa voix sur la scène internationale. À New York, du 14 au 25 avril 2025, le pays a pris une part active à la première session de la Commission préparatoire à l’entrée en vigueur du Traité international pour la protection de la haute mer (BBNJ).
Joseph Emmanuel Philippe, Directeur Général du Ministère de l’Environnement, accompagné d’Éric Junior Prévost (DG du SEMANAH), a porté le plaidoyer d’une Haïti résolument tournée vers la gouvernance océanique mondiale, aux côtés de la CARICOM et de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS). Ce n’est pas anodin. Cela témoigne d’une diplomatie environnementale lucide, consciente des défis spécifiques auxquels les nations côtières et insulaires sont confrontées.
Le BBNJ, adopté à l’unanimité en 2023, vise à protéger les ressources marines au-delà des juridictions nationales. Un enjeu colossal, souvent éclipsé par les priorités immédiates. Et pourtant, pour des pays comme Haïti, ce traité représente une question existentielle : il s’agit de défendre les droits des générations futures sur les richesses marines communes, tout en s’assurant que les mécanismes mis en place ne reproduisent pas les inégalités du passé.
Dans son intervention, Joseph Emmanuel Philippe a réaffirmé la nécessité d’une approche équitable, inclusive et flexible, insistant sur la création d’un Secrétariat transparent et d’un fonds d’affectation robuste. L’objectif ? Que les petits États disposent réellement des moyens de participer, de surveiller, d’innover. Loin des discours creux, Haïti réclame un accès juste à l’information, aux financements, à la gouvernance.
Ce positionnement n’est pas anecdotique. Il marque un retour de Haïti dans les arènes stratégiques du multilatéralisme, où se jouent aujourd’hui les grands équilibres climatiques, économiques et géopolitiques. Il démontre aussi que, malgré les défis internes, le pays peut encore se projeter dans le long terme, dans une vision fondée sur la solidarité régionale, la coopération scientifique et la justice environnementale.
Le combat pour la haute mer est aussi le combat pour un monde où le droit prime sur la force, où les peuples vulnérables ne sont pas exclus des décisions qui les concernent. En ce sens, Haïti, par son engagement au sein du processus BBNJ, nous rappelle que la souveraineté ne s’arrête pas aux côtes, mais s’étend jusque dans les grands débats planétaires.
À l’heure où les océans deviennent le nouveau champ de bataille des puissances, Haïti prend parti : celui des peuples et de la planète.