Le 2 mai 2025, l’administration Trump a officiellement désigné les groupes armés « Viv Ansanm « et « Gran Grif « « comme organisations terroristes ». Cette décision marque un tournant juridique majeur dans la lutte contre les gangs haïtiens, et représente un coup dur pour leurs alliés, tant sur le plan local qu’international.

Désormais, les États-Unis disposent de la base légale nécessaire pour traquer, neutraliser et juger ces groupes comme des entités terroristes, avec toute la force de la loi. Une réponse directe à l’insécurité croissante, aux déplacements forcés de populations, aux violences extrêmes, et à la paralysie d’un pays au bord du chaos. Cette désignation ouvre la voie à des interventions ciblées, à des sanctions renforcées, et à une coopération internationale plus musclée.

Mais cette décision possède une double portée : nationale et internationale.

Une portée nationale : une rupture nécessaire avec la classe politique corrompue

À l’échelle nationale, cette décision remet en question une classe politique discréditée, gangrenée par les soupçons de corruption, de détournement de fonds publics, et de collusion avec les gangs. Une classe politique dépassée, incapable de garantir la sécurité, et qui a plongé le pays dans une réalité hobbesienne, où l’homme est un loup pour l’homme.

Dans ce contexte de faillite morale et institutionnelle, cette désignation pourrait marquer le début d’un assainissement politique. Elle ouvre la voie à l’émergence d’une nouvelle génération de dirigeants — visionnaires, intègres, et enracinés dans une véritable volonté de reconstruction. Une classe politique capable de comprendre, comme Aristote l’affirmait, que l’homme est un animal politique par nature, et que l’État est l’expression de cette sociabilité organisée.

Sans mesures fermes pour accompagner cette rupture, le risque d’un éclatement social reste cependant réel. L’émergence spontanée de groupes d’autodéfense ou de « brigades de résistance » pourrait basculer dans l’anarchie, faute de cadre étatique fort.

Une portée internationale : enjeu géopolitique majeur pour les États-Unis

Sur le plan international, cette décision s’inscrit aussi dans un contexte géopolitique tendu. Face à la montée en puissance de la Chine et de la Russie — notamment sur le continent africain à travers des alliances politiques et militaires inédites — les États-Unis voient leur hégémonie contestée. Et Haïti, petit territoire certes, mais stratégiquement situé dans l’arc caribéen, devient un enjeu crucial.

L’idée d’une intervention russe ou chinoise en Haïti représenterait un affront direct à la doctrine Monroe, qui fait de l’Amérique latine une zone d’influence exclusive des États-Unis. Pékin et Moscou, qui se montrent prêts à proposer leur aide à Haïti, placent Washington devant un choix clair : intervenir rapidement, ou risquer une perte d’influence sur sa propre arrière-cour.

Dans ce contexte, la désignation des gangs comme terroristes dépasse la seule logique sécuritaire. Elle devient un levier stratégique. Un moyen pour les États-Unis de reprendre le contrôle d’un dossier qu’ils ont trop longtemps laissé dériver. Une étape vers des opérations plus directes, plus visibles, et potentiellement décisives.

Une fenêtre à saisir

Si cette décision est suivie d’actions concrètes, elle pourrait permettre un véritable retournement de situation : restaurer un minimum d’ordre, encourager le retour des déplacés, et rouvrir l’espace public à une vie normale.

Mais pour cela, il faudra bien plus que des mots. Il faudra de la volonté, de la cohérence, et surtout, une rupture nette avec les compromis mortifères du passé.

By Jeamson LIZINCE

Jeameson LIZINCE est expert en gestion de projet, diplômé en gestion des ressources humaines, étudiant en science politique à IERAH ( Université d' État d 'HaÏti ) et journaliste politique d' ALTERNANCE MÉDIA