Depuis plusieurs années, la fête nationale est ternie par l’insécurité et le terrorisme qui paralysent une large partie du territoire. Ce moment historique, symbole d’unité et de fierté nationale, ne peut plus être célébré pleinement ni convenablement, tant le pays est meurtri par la violence.

Pourtant, en 2025, plutôt que de s’atteler à pacifier la capitale et à sécuriser l’ensemble du territoire afin que chaque Haïtien puisse participer à cette commémoration, le Gouvernement Haïtien choisit de fuir Port-au-Prince pour se réfugier dans le Département du Nord pour les festivités officielles. Le problème n’est pas le choix du Cap-Haïtien — troisième ville du pays, représentant environ 10 % de la population nationale selon l’IHSI — qui mérite, lui aussi, sa part de reconnaissance.

Ce qui indigne, c’est l’indifférence flagrante du Gouvernement envers des millions de citoyens livrés à la cruauté de groupes armés. Dans un contexte où tant de familles pleurent des proches ou vivent dans la terreur quotidienne, la mobilisation de ressources financières, humaines et logistiques pour un événement festif, estimée à près de 400 millions de gourdes, apparaît à beaucoup comme une provocation, voire une forme de démagogie et de gaspillage éhonté.

Ne serait-il pas plus juste, plus responsable, d’investir ces ressources dans la restauration de l’ordre public et la reconquête du territoire national ? Car, même si l’objectif n’est pas d’exclure une région au profit d’une autre, ignorer les 34 % d’Haïtiens vivant dans le Département de l’Ouest, les 16 % de l’Artibonite, et les 40 % répartis dans les autres départements, ne fait que creuser le fossé entre l’État et son peuple.

Cette décision n’engendre ni unité, ni cohésion nationale. Elle nourrit au contraire la frustration, la nostalgie d’un État protecteur, et le sentiment d’abandon d’une population en quête de sécurité, de justice et de dignité.

By Jeamson LIZINCE

Jeameson LIZINCE est expert en gestion de projet, diplômé en gestion des ressources humaines, étudiant en science politique à IERAH ( Université d' État d 'HaÏti ) et journaliste politique d' ALTERNANCE MÉDIA