— Créé dans l’espoir d’apporter une stabilité politique à Haïti en pleine tourmente, le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) semble aujourd’hui en voie d’effondrement. Dans une déclaration choc, son coordonnateur, Fritz Alphonse Jean, a reconnu publiquement son incapacité à faire respecter ses décisions, dévoilant ainsi les profondes divisions internes qui minent le fonctionnement du Conseil. Une déclaration perçue comme l’aveu final d’un échec institutionnel.

Un président sans pouvoir

C’est une phrase, apparemment simple, qui a résonné comme un coup de tonnerre dans la sphère politique haïtienne :

« J’ai dit non au ministre des Affaires étrangères. Mais il l’a fait. »

Par ces mots, Fritz Alphonse Jean confesse n’avoir eu aucun contrôle sur une série de nominations diplomatiques récemment opérées, lesquelles ont été vivement critiquées, notamment par l’avocat et homme politique Me André Michel. Ce dernier avait dénoncé publiquement ce qu’il qualifiait de pratiques abusives, relevant du clientélisme. Désormais, le président du CPT lui donne raison, ce qui constitue un tournant inattendu.

Crise interne et favoritisme

Dans ses déclarations, Fritz Jean va plus loin. Il évoque une véritable honte vis-à-vis de la communauté internationale, tout en dénonçant un système où chaque membre du Conseil chercherait à placer ses proches, sans égard pour les compétences ou l’intérêt national. Une accusation particulièrement grave cible Gérald Giles et Smith Augustin, soupçonnés d’avoir recommandé à eux seuls plus de 90 % des nominations diplomatiques.

Ce favoritisme assumé, combiné à l’absence totale de justification publique de la part du ministre des Affaires étrangères Harvel Jean-Baptiste, jette une lumière crue sur l’opacité des pratiques au sein du gouvernement de transition.

Le Conseil en perdition

Conçu comme un outil de gouvernance collégiale et de transition pacifique, le CPT se révèle aujourd’hui incapable de tenir ses promesses. Entre absence de consultation, manque de transparence, et luttes d’influence, il apparaît comme la réplique d’un système ancien que la transition était censée dépasser. Au lieu d’incarner le renouveau, il devient le symbole d’un pouvoir fragmenté, impuissant, et désavoué.

Dans une ultime tentative d’appel à la raison, Fritz Alphonse Jean lance :

« On ne peut pas répéter les mêmes bêtises qui se faisaient avant. »

Mais cet appel semble arriver trop tard, alors que la machine de transition semble grippée à tous les niveaux.

La fin d’un cycle politique

Pour une majorité d’analystes, les propos du président du CPT officialisent la fin de la légitimité politique de cette instance. Aucun mécanisme de gouvernance ne peut survivre longtemps si son coordonnateur avoue publiquement ne pas être écouté.

Dans les faits, le CPT ne fonctionne plus. Et dans les esprits, il ne représente déjà plus qu’un organe vidé de sa mission initiale, incapable d’orienter le pays vers un avenir plus stable.

Chute finale : Le CPT est mort

En s’avouant désarmé face aux dérives internes, Fritz Alphonse Jean n’a pas seulement dénoncé un dysfonctionnement. Il a signé l’acte de décès politique du Conseil Présidentiel de Transition.

Faute d’autorité, sans cohésion, rejeté par une partie de la population et discrédité sur la scène internationale, le CPT n’est plus qu’une coquille vide.
Son rôle est terminé. Sa mission est avortée. Son existence, désormais, n’est que symbolique.

Le CPT est mort. Et avec lui, un espoir de transition s’éteint.

By Tanes DESULMA

Tanes DESULMA, Rédacteur en chef d’Alternance-Media, je suis diplômé en journalisme de l’ICORP et en droit public de l’École de Droit de La Sorbonne. Passionné par l’information et la justice, je m’efforce de proposer un journalisme rigoureux et engagé.