Avec Tanes DESULMA — Alternance Média

Le 13 mai 2025, l’attaque israélienne contre l’Iran a marqué un tournant géopolitique majeur. En s’attaquant à un acteur souverain et puissant, Israël a déclenché une riposte qui dépasse le cadre militaire. Ce conflit révèle un affrontement plus profond : deux visions du monde irréconciliables.


Israël, une puissance sous parapluie américain

Israël, petit territoire de 22 147 km², exerce une influence régionale disproportionnée grâce à une alliance stratégique avec les États-Unis. Depuis des décennies, cette relation asymétrique lui a permis de multiplier les interventions militaires, sans conséquences diplomatiques majeures : Syrie, Liban, Gaza, Yémen, Irak, Égypte…

Mais cette position de « chouchou géopolitique » suscite des tensions. Nombre de ses voisins perçoivent ses actions non comme des mesures défensives, mais comme des actes de domination.


L’Iran : le rival que l’on ne peut neutraliser

L’Iran, avec ses 1,6 million de km² et une influence qui dépasse ses frontières, n’est pas un État marginal. Il incarne une autre conception du pouvoir régional, fondée sur la souveraineté, la résistance à l’hégémonie occidentale, et un réseau d’alliés bien établi.

En ciblant directement le territoire iranien, Israël a rompu avec sa stratégie de frappes indirectes. Et cette fois, la riposte fut massive. L’Iran a montré qu’il ne sera pas le prochain sur la liste des États affaiblis.


Deux poids, deux mesures : le droit international en question

L’Iran est signataire du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP). Israël, non. Pourtant, l’Occident continue de tolérer l’arsenal nucléaire israélien, tout en menaçant l’Iran pour ses ambitions énergétiques ou militaires.

Cette incohérence fragilise la crédibilité de l’ordre international. Elle nourrit un sentiment d’injustice qui pousse certains États à chercher leur sécurité ailleurs, quitte à défier ouvertement les règles du jeu.


Les puissances occidentales piégées

Face à cette escalade, les États-Unis doivent choisir entre deux impasses :

  • Ne pas intervenir, au risque de perdre toute autorité stratégique dans la région ;
  • Intervenir, au risque d’un embrasement total impliquant la Russie, la Chine, ou la Corée du Nord.

Ce dilemme stratégique place l’Occident dans une posture défensive. Les priorités changent : l’Ukraine, Haïti, le Sahel deviennent secondaires. Le monde est en train de basculer dans une nouvelle logique d’alignements.


La fin d’une illusion pacifique ?

Comme le disait Hobbes : « L’homme est un loup pour l’homme. » Le conflit entre Israël et l’Iran ne fait pas que menacer la stabilité du Moyen-Orient. Il questionne le mensonge collectif de la paix universelle.
Jean-Pierre Szymaniak résumait cette contradiction : « Il faut nourrir la paix, et non entretenir la guerre. »

Mais aujourd’hui, tout montre que les puissances nourrissent la guerre pour préserver leurs intérêts. L’ère des discours humanistes semble céder à une logique de survie par la force.


Vers une nouvelle guerre froide ?

D’un côté, Israël peut compter sur les États-Unis. Mais le soutien européen est de plus en plus flou, limité par les intérêts économiques, l’opinion publique et le droit international.

De l’autre côté, l’Iran s’appuie sur un axe affirmé : Chine, Russie, Corée du Nord, Pakistan. Un bloc anti-hégémonique qui redessine l’équilibre mondial.

Le choc Israël-Iran ne marque pas seulement un affrontement militaire. Il incarne un choc de deux visions du monde : l’une, fondée sur la domination et la dissuasion ; l’autre, sur la résistance et l’alignement stratégique. Et à défaut de dialogue, c’est la guerre qui risque de décider du vainqueur.


By Jeamson LIZINCE

Jeameson LIZINCE est expert en gestion de projet, diplômé en gestion des ressources humaines, étudiant en science politique à IERAH ( Université d' État d 'HaÏti ) et journaliste politique d' ALTERNANCE MÉDIA