📅 Publié le 2 juillet 2025


Un juge fédéral de New York a infligé mardi un revers cinglant à l’administration Trump en bloquant sa tentative de mettre fin prématurément aux protections humanitaires accordées à plus d’un demi-million d’immigrés haïtiens aux États-Unis. Ce jugement marque une étape cruciale dans la lutte judiciaire autour du Statut de protection temporaire (TPS), alors que les tensions politiques sur l’immigration atteignent un nouveau pic à l’approche de l’élection présidentielle de novembre.

⚖️ Une décision claire : l’administration a outrepassé la loi

Le juge Brian Cogan, siégeant à Brooklyn, a estimé que la secrétaire à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, n’avait ni respecté la procédure légale, ni l’autorité pour annuler partiellement la prolongation du TPS décidée par l’administration Biden jusqu’en février 2026.

« La secrétaire Noem ne dispose ni de l’autorité légale, ni de l’autorité inhérente pour annuler partiellement la désignation TPS d’un pays », a tranché le magistrat, qualifiant ses actions d’« illégales ».

Le Département de la Sécurité intérieure (DHS) avait tenté de réduire la durée du TPS haïtien en fixant une fin anticipée au 2 septembre 2025, au lieu de la date officielle du 3 février 2026. Mais selon le juge, cette démarche viole les mécanismes établis par le Congrès pour revoir les désignations TPS, qui exigent une analyse rigoureuse de la situation dans le pays d’origine.

👥 Une victoire pour les Haïtiens – et pour l’État de droit

La décision judiciaire est intervenue en réponse à une plainte déposée par neuf bénéficiaires haïtiens du TPS, une organisation d’églises et une section du syndicat Service Employees International Union (SEIU). Tous accusaient l’administration Trump de ne pas avoir évalué correctement la situation actuelle en Haïti, un pays en proie à une insécurité extrême, à une crise politique chronique et à un effondrement des services de base.

« Si le combat est loin d’être terminé, il s’agit d’une étape importante », a déclaré Manny Pastreich, président du SEIU Local 32BJ, dans un communiqué saluant la décision du juge Cogan.

Le juge a également souligné que l’intérêt des bénéficiaires du TPS à vivre et travailler légalement aux États-Unis l’emporte sur le préjudice invoqué par le gouvernement.

🧨 Une décision aux conséquences politiques explosives

Cette décision intervient dans un climat de durcissement de la rhétorique anti-immigration par Donald Trump et ses alliés. Kristi Noem, actuelle secrétaire à la Sécurité intérieure, suit fidèlement la ligne dure du 47ème président américain et tente également de supprimer le TPS pour environ 350 000 Vénézuéliens, ainsi que pour des ressortissants du Cameroun et d’Afghanistan.

Le DHS a dénoncé un « retard dans la justice » et a promis de faire appel. Dans un communiqué, la porte-parole Tricia McLaughlin a affirmé que la protection TPS, instaurée pour Haïti après le séisme de 2010, n’avait jamais eu vocation à devenir un « programme d’asile de facto ».

Mais pour de nombreux défenseurs des droits humains, cette posture reflète un mépris assumé pour les réalités humanitaires et un calcul électoral cynique, alors que Trump fait campagne sur la peur de l’« invasion » migratoire.

🗯️ Racisme et désinformation

L’administration Trump a également été critiquée pour son traitement spécifique des Haïtiens. En septembre 2024, lors d’un débat présidentiel, Donald Trump a faussement affirmé que des immigrés haïtiens « mangeaient des animaux domestiques » à Springfield, Ohio. Une déclaration jugée raciste et dangereuse, qui a provoqué l’indignation et semé la peur dans la communauté haïtienne.

Les plaignants haïtiens ont d’ailleurs intégré ces considérations dans leur plainte, arguant que la suspension prématurée du TPS était motivées en partie par des considérations raciales, en violation du droit constitutionnel à l’égalité de traitement.

🌍 Le contexte haïtien : toujours plus dramatique

La situation en Haïti continue de se détériorer. Plus d’un million de personnes sont actuellement déplacées à l’intérieur du pays, gangrené par l’insécurité, la violence armée, et un effondrement institutionnel complet. L’intervention internationale soutenue par l’ONU peine à rétablir un semblant d’ordre.

Dans ce contexte, la tentative de renvoyer des milliers de personnes vers ce chaos est largement considérée comme inhumaine et irresponsable.


✊ Une communauté debout, une justice qui résiste

Alors que le sort des Haïtiens aux États-Unis devient un enjeu de campagne, ce jugement fédéral montre qu’il existe encore des contre-pouvoirs efficaces face à l’arbitraire politique. Mais la vigilance reste de mise : le gouvernement a annoncé un appel, et d’autres populations sous TPS pourraient être les prochaines cibles.

La communauté haïtienne, ses alliés syndicaux, religieux et civiques, promettent de continuer le combat pour la reconnaissance de leur dignité, de leur contribution et de leur droit fondamental à la protection.


📌 À suivre : Alternance Média vous tiendra informés de l’évolution judiciaire et politique du TPS haïtien. Soutenez notre travail en partageant cet article et en suivant notre couverture dédiée à la diaspora haïtienne et aux politiques migratoires américaines.

By Tanes DESULMA

Tanes DESULMA, Rédacteur en chef d’Alternance-Media, je suis diplômé en journalisme de l’ICORP et en droit public de l’École de Droit de La Sorbonne. Passionné par l’information et la justice, je m’efforce de proposer un journalisme rigoureux et engagé.