Alternance Média • 16 août 2025
Les autorités dominicaines ont annoncé une baisse spectaculaire des accouchements de femmes étrangères — principalement haïtiennes — dans les hôpitaux publics. En seulement six mois, les naissances enregistrées sont passées de 3.023 en janvier 2025 à 885 en juin, soit une diminution de 70 %.
Un protocole strict dans les hôpitaux
Depuis avril 2025, la République dominicaine exige que tout patient étranger présente des documents en règle pour bénéficier des soins hospitaliers.
➡️ Après traitement, les personnes en situation irrégulière risquent d’être expulsées.
Le protocole fixe également des délais précis :
- 72 heures de séjour à l’hôpital après un accouchement naturel,
- 7 jours après une césarienne.
Passé ce délai, les patientes sont directement remises par les services de sécurité hospitalière aux autorités migratoires.
Une politique migratoire renforcée
Ces mesures s’inscrivent dans une stratégie plus large du président Luis Abinader, au pouvoir depuis 2020, qui a fait de la lutte contre l’immigration haïtienne l’un de ses principaux axes politiques.
En parallèle, le gouvernement dominicain a :
- multiplié les expulsions massives (plus de 300.000 Haïtiens expulsés depuis octobre 2024, soit environ 30.000 par mois),
- partiellement fermé la frontière terrestre et entamé la construction d’un mur,
- suspendu la liaison aérienne avec Haïti.
Vives critiques internationales
Cette politique migratoire restrictive a suscité des réactions indignées.
👉 Amnesty International dénonce une double discrimination : contre les migrants haïtiens et contre les femmes dominicaines elles-mêmes.
Dans un communiqué publié mardi, l’ONG affirme que :
« Le président Abinader consolide un héritage de violence institutionnelle et d’injustice de genre »,
en critiquant également la réforme du code pénal dominicain, qui maintient l’interdiction totale de l’avortement.
Un climat de tension permanente
La baisse des accouchements illustre les conséquences directes de la politique anti-migrants menée par Saint-Domingue. Alors que des milliers de femmes haïtiennes se rendaient jusque-là en République dominicaine pour donner naissance dans des conditions médicales plus sûres, l’accès aux soins est désormais compromis, alimentant davantage la crise humanitaire à la frontière.