Port-au-Prince, 21 août 2025
La présentation de la feuille de route de 2,6 milliards de dollars pour Haïti par l’Organisation des États américains (OEA), le 20 août dernier, n’a pas tardé à susciter des réactions contrastées. Parmi les voix les plus critiques, celle de Ricardo Seitenfus, ancien représentant spécial du secrétaire général de l’OEA en Haïti, a résonné avec force.

L’ancien diplomate brésilien n’a pas mâché ses mots. Selon lui, la feuille de route de l’OEA traduit une nouvelle tentative d’ingérence internationale dans les affaires internes d’Haïti. « Ce projet ne résout rien si, une fois de plus, ce sont des solutions préparées à l’extérieur qui viennent s’imposer aux Haïtiens », a-t-il déclaré, en dénonçant la logique de dépendance entretenue par certaines chancelleries.

Une critique des limites de l’OEA

Ricardo Seitenfus a rappelé que l’OEA, malgré son rôle hémisphérique, a démontré ses limites structurelles dans la gestion du dossier haïtien. Il a pointé du doigt une diplomatie souvent animée de bonne volonté mais « dépourvue de la compréhension et de la qualification nécessaires pour appréhender la complexité haïtienne ».

À ses yeux, l’organisation se trompe en mettant l’accent sur la sécurité et les financements extérieurs sans s’attaquer aux causes profondes de la crise : la délégitimation des institutions, l’exclusion sociale et l’absence de projet national partagé.

L’appel au « bon sens » haïtien

Au-delà de la critique, Seitenfus a lancé un appel direct au peuple haïtien :

« Haïti doit faire preuve de bon sens. Refuser les solutions imposées de l’extérieur et construire sa propre voie de sortie de crise. »

Pour lui, l’avenir du pays ne peut se jouer que dans une démarche d’autonomie et de responsabilité collective, loin des agendas des puissances régionales ou internationales.

Une mise en garde contre les projets internationaux

Les propos de l’ancien émissaire de l’OEA sonnent comme un avertissement : les plans internationaux, aussi ambitieux soient-ils, ne garantissent pas la stabilité s’ils ne sont pas ancrés dans la volonté et la participation réelle des Haïtiens.

En prenant le contre-pied de l’initiative portée par Albert Ramdin, Ricardo Seitenfus renforce un débat de fond : celui de savoir si Haïti doit continuer à s’en remettre aux solutions dictées de l’extérieur, ou bien affirmer davantage son indépendance décisionnelle dans la recherche de la paix et de la stabilité.

By Ralph Siméon

Ralph SIMÉON- journaliste engagé, animateur et entrepreneur. J'ai fait mes premiers pas à Radio Haïti Inter, média emblématique et référence nationale. En France, j'ai cofondé Haïti Tribune avant de rejoindre le service créole de Radio France Internationale ( RFI). Mon parcours incarne un engament constant en faveur de l'information , du lien social et de la valorisation d' Haïti sur la scène internationale.