Un projet de décret en cours d’élaboration par la Primature soulève de nombreuses préoccupations quant à son impact sur la gouvernance de la Police Nationale d’Haïti (PNH). Selon un document préliminaire obtenu par Alternance Média, ce texte, composé de quatre articles, redéfinit les attributions du Secrétaire d’État à la Sécurité publique (SE), renforçant considérablement son autorité sur la PNH.
L’article 2 du projet énonce clairement ces nouvelles responsabilités. Au point e, il est indiqué que le SE sera habilité à recevoir tous les dossiers administratifs et techniques ainsi que les requêtes émanant de la PNH afin d’assurer les suivis nécessaires. Plus encore, le point f stipule que le SE devra obtenir du Directeur Général de la PNH (DG-PNH) des rapports opérationnels et quotidiens, ainsi qu’un rapport mensuel détaillé sur l’évolution des activités de la PNH.
Ces documents seront soumis à l’analyse du SE, qui formulera des recommandations au Ministre de la Justice et de la Sécurité Publique, ainsi qu’au Conseil Supérieur de la Police Nationale (CSPN).
Une réduction drastique des pouvoirs du DG-PNH
Si ce décret venait à être publié, le Directeur Général de la PNH se verrait considérablement affaibli dans ses fonctions. En effet, les prérogatives qui lui sont actuellement conférées seraient largement transférées au Secrétaire d’État à la Sécurité publique, transformant ce dernier en un acteur clé dans la gestion quotidienne et stratégique de la PNH.
Ce projet suscite déjà de vives critiques au sein des observateurs et des experts en sécurité publique, qui dénoncent un risque d’ingérence politique accrue dans le fonctionnement de la PNH. En plaçant le Secrétaire d’État à la Sécurité publique en position de superviseur direct, certains craignent que l’indépendance opérationnelle de la PNH ne soit compromise.
D’un point de vue structurel, ce décret semble également poser des questions sur l’efficacité et la clarté des responsabilités au sein de l’appareil sécuritaire, avec une possible dilution des rôles et un affaiblissement des capacités du DG-PNH à exercer ses fonctions en toute autonomie.
Pour les défenseurs de la PNH comme institution indépendante, ce projet de décret représente un pas en arrière, accentuant une centralisation déjà critiquée dans la gestion des forces de sécurité. Reste à savoir si ce texte sera effectivement publié et, si tel est le cas, quel sera son impact sur la sécurité publique en Haïti, un pays en proie à des crises complexes et multidimensionnelles.
Affaire à suivre.
