C’est une première dans l’histoire récente du Conseil électoral provisoire (CEP). À quatre mois de la fin de la transition, et alors qu’il doit impérativement organiser des élections avant le 7 février, l’institution a été contrainte de réorganiser son bureau. Une décision inhabituelle, qui interroge sur la capacité réelle du CEP et du Conseil présidentiel de transition (CPT) à mener le pays vers des élections crédibles, analyse, dans sa chronique, Ralph Siméon, éditorialiste politique « ALTERNANCE MÉDIA « 

Désormais, Jacques Desrosiers, représentant de la presse, prend la présidence de l’institution en remplacement de Patrick Saint-Hilaire. Jaccéus Joseph (associations paysannes) devient vice-président, Peterson Pierre-Louis (cultes réformés) secrétaire, et Nemrod Sanon (secteur syndical) trésorier.

Une décision révélatrice

Officiellement, il ne s’agirait que d’un « cycle normal » : la première élection interne avait été réalisée alors que le CEP n’était pas complet, et la fin de l’année fiscale justifiait une nouvelle mise en place. Mais selon une source contactée par Alternance Media, plusieurs conseillers électoraux reprochaient à l’ancien président Patrick Saint-Hilaire son incapacité à suivre les dossiers et à faire avancer l’agenda électoral.

En clair, à quelques mois de l’échéance, ce changement est moins un choix qu’un aveu d’impuissance.

Un pays otage des manœuvres dilatoires

La mission première du Conseil présidentiel de transition n’était pas de se perdre dans les marchandages politiques, ni de multiplier les promesses creuses. Elle était simple, claire, incontournable : rétablir un minimum de sécurité pour permettre la tenue d’élections.

Or, à quatre mois de la fin de son mandat, le constat est implacable : Port-au-Prince reste aux mains des gangs, les routes sont coupées, la population vit dans la terreur quotidienne. Parler d’élections sans sécurité relève de l’illusion, voire de la manipulation.

Car si l’institution voulait vraiment se redynamiser, elle aurait déjà publié un calendrier électoral et fixé des dates. Or, rien n’a été annoncé. Le peuple haïtien attend des élections, pas un énième jeu de chaises musicales.

La vraie question

Le CEP et le CPT n’ont désormais que quatre mois pour répondre à une exigence fondamentale : permettre au peuple de voter. Chaque jour qui passe sans sécurité et sans calendrier électoral est une gifle à la démocratie et un affront à une nation privée de sa souveraineté politique depuis huit ans.

Ce changement à la tête du CEP n’est pas un signe d’élan : c’est un aveu que la transition s’enlise. Haïti n’a plus de temps à perdre : la dernière carte de la transition semble déjà jouée… à blanc.

By Ralph Siméon

Ralph SIMÉON- journaliste engagé, animateur et entrepreneur. J'ai fait mes premiers pas à Radio Haïti Inter, média emblématique et référence nationale. En France, j'ai cofondé Haïti Tribune avant de rejoindre le service créole de Radio France Internationale ( RFI). Mon parcours incarne un engament constant en faveur de l'information , du lien social et de la valorisation d' Haïti sur la scène internationale.

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