Sept nouveaux rapports. Sept autres preuves que la corruption n’est pas l’exception en Haïti, mais bel et bien la règle. Le vendredi 26 septembre 2025, l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC) a transmis à la justice une nouvelle série d’enquêtes, portant à 63 le nombre de dossiers documentés et remis aux autorités. Autant de scandales qui révèlent une réalité brutale : l’État haïtien est devenu un terrain de prédation où l’impunité protège les plus hauts responsables.

Parmi les dossiers explosifs, celui de la ministre de la Jeunesse, des Sports et de l’Action civique, Niola Lynn Sarah Dévalis Octavius, directement épinglée pour des irrégularités dans l’utilisation de 10 millions de gourdes alloués aux commémorations de Vertières, en novembre 2024. Selon l’ULCC, une partie de ces fonds s’est transformée en prime personnelle, en dehors de tout cadre légal. Le rapport parle sans détour de détournement de biens publics, abus de fonction et association de malfaiteurs. Pire encore : la ministre a refusé de répondre aux convocations de la Commission d’enquête.

La liste ne s’arrête pas là. Gamall Jules Augustin, ancien directeur général de la Télévision nationale d’Haïti (TNH), est soupçonné d’avoir organisé une gestion financière aussi opaque qu’irrégulière. Il est aujourd’hui en garde à vue. À Saint-Marc, le recteur de l’Université publique du Bas-Artibonite, Wilfrid Azarre, fait face à de graves soupçons de corruption. Et dans la commune de Ouanaminthe, la rénovation de la place publique, la gestion du marché communal et du marché frontalier se sont transformées en gouffres financiers. Sans oublier le SNGRS, où des cartes de débit destinées aux avantages sociaux des employés semblent avoir alimenté un système de détournement institutionnalisé.

Ces scandales ne sont pas des accidents isolés : ils traduisent une pratique généralisée. En Haïti, la gestion publique est devenue un butin. Chaque fonctionnaire croit pouvoir se servir impunément. Chaque institution est transformée en caisse noire. L’argent qui devrait financer des écoles, des hôpitaux ou des routes disparaît dans des poches privées, pendant que la majorité de la population s’enfonce dans la misère.

L’ULCC, par la voix de son directeur général Me Hans Jacques Ludwig Joseph, promet d’aller « jusqu’au bout », malgré les pressions. Mais l’histoire récente parle d’elle-même : combien de rapports de l’ULCC dorment dans les tiroirs de la justice ? Combien de ministres, de directeurs généraux, de recteurs ou de maires ont réellement été condamnés ? La vérité est crue : en Haïti, la corruption est systémique et l’impunité est institutionnalisée.

La question qui reste est terrible : jusqu’à quand ? Jusqu’où un pays peut-il survivre lorsque l’État se confond avec une entreprise de pillage ? En attendant une réponse, les prédateurs prospèrent, et les citoyens paient la facture.

By Ralph Siméon

Ralph SIMÉON- journaliste engagé, animateur et entrepreneur. J'ai fait mes premiers pas à Radio Haïti Inter, média emblématique et référence nationale. En France, j'ai cofondé Haïti Tribune avant de rejoindre le service créole de Radio France Internationale ( RFI). Mon parcours incarne un engament constant en faveur de l'information , du lien social et de la valorisation d' Haïti sur la scène internationale.

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