Le président du Conseil présidentiel de transition (CPT), Laurent Saint-Cyr, a annoncé la réalisation d’audits dans plusieurs institutions stratégiques, parmi lesquelles le Fonds national de l’éducation (FNE) et la Douane. Des secteurs réputés opaques, où circulent des milliards de gourdes et qui alimentent, depuis des années, les soupçons de détournement massif, relève, dans sa chronique, Ralph Siméon, éditorialiste politique « ALTERNANCE MÉDIA « .
Ce signal politique, en apparence fort, intervient à un moment où l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC) vient de transmettre sept nouveaux rapports accablants à la justice, dont l’un vise directement la ministre de la Jeunesse, des Sports et de l’Action civique, Niola Octavius. Selon l’enquête, 10 millions de gourdes destinés aux commémorations de Vertières en 2024 ont été utilisés en dehors des règles légales, certains montants ayant servi de prime personnelle à la ministre.
La Commission d’enquête de l’ULCC parle sans détour de détournement de biens publics, abus de fonction et association de malfaiteurs, recommandant même la mise en mouvement de l’action publique contre la ministre. Pourtant, à ce jour, Niola Octavius demeure en poste, sans la moindre mise à l’écart.
Dès lors, une question s’impose : le président du CPT aura-t-il le courage d’exiger sa démission ? Car réclamer des audits dans des institutions abstraites est une chose. Affronter le scandale dans son propre gouvernement en est une autre.
La transition ne peut prétendre restaurer la confiance publique tout en tolérant que des ministres accusés de corruption conservent leurs privilèges. L’épreuve de vérité est là : soit les discours sur la transparence se traduisent en actes concrets, soit ils ne seront qu’une diversion de plus dans l’interminable théâtre politique haïtien.