Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a livré à Genève, devant le Conseil des droits de l’homme, un constat terrifiant de la situation en Haïti. Depuis janvier 2022, plus de 16.000 personnes ont été tuées, environ 7.000 blessées par balles, et plus de 1,3 million de personnes contraintes à l’exil interne. Près de 500.000 armes circulent illégalement dans le pays, alimentant une spirale de violence sans fin.

Une société prise en otage par les gangs

« Les gangs tuent et enlèvent, rançonnent à des barrages illégaux, détournent les camions de vivres, incendient maisons, hôpitaux, écoles et bâtiments publics », a dénoncé Volker Türk. L’ONU met en garde contre la montée d’un phénomène qui n’épargne même plus les enfants, souvent enrôlés comme guetteurs, porteurs d’armes, voire envoyés au combat contre d’autres gangs, la police ou des groupes d’autodéfense.

La moitié de la population haïtienne, soit environ six millions de personnes, dépend désormais de l’aide humanitaire pour survivre.

Une faim catastrophique

Le Programme alimentaire mondial (PAM) tire lui aussi la sonnette d’alarme. Selon ses estimations, près de 90 % de la capitale Port-au-Prince est sous le joug des groupes armés. Ce contrôle des gangs coupe les agriculteurs des marchés, fait exploser les prix et fragilise des systèmes alimentaires déjà précaires.

Résultat : plus de la moitié de la population haïtienne n’a pas assez à manger. Haïti est aujourd’hui le seul pays du continent américain confronté à des niveaux de famine jugés « catastrophiques ». Faute de financements suffisants, le PAM a réduit ses rations et suspendu certains programmes vitaux, comme la distribution de repas chauds aux déplacés.

Des familles déracinées

Les violences ont jeté sur les routes 1,3 million de déplacés internes, dont plus de la moitié sont des enfants. Nombre d’entre eux survivent dans des écoles ou des bâtiments publics, privés de revenus et d’éducation, exposés à la malnutrition et aux maladies.

Volker Türk : « Inverser le cours des choses »

Volker Türk a salué la décision du Conseil des droits de l’homme de renforcer la réponse internationale, tout en mettant en garde contre une approche uniquement militaire.
« Les efforts pour rétablir la sécurité doivent être ancrés dans le respect des droits de l’homme et aller de pair avec la reconstruction de l’État de droit », a-t-il déclaré.

Le Haut-Commissaire appelle les États à appliquer strictement l’embargo sur les armes, à lutter contre l’impunité et la corruption, et à investir dans la reconstruction institutionnelle du pays.

Et de conclure avec force :
« Nous pouvons et nous devons inverser le cours des choses pour le peuple haïtien».

By Ralph Siméon

Ralph SIMÉON- journaliste engagé, animateur et entrepreneur. J'ai fait mes premiers pas à Radio Haïti Inter, média emblématique et référence nationale. En France, j'ai cofondé Haïti Tribune avant de rejoindre le service créole de Radio France Internationale ( RFI). Mon parcours incarne un engament constant en faveur de l'information , du lien social et de la valorisation d' Haïti sur la scène internationale.

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