Un contrat gouvernemental de 85 millions de dollars, signé en 2025 par le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, confie à la société militaire privée d’Erik Prince des missions de “logistique aérienne et de sécurisation”. Mais des documents confidentiels et des itinéraires de vol obtenus par Alternance Média révèlent une tout autre réalité : un réseau clandestin d’approvisionnement en armes, soutenu par des relais dominicains et haïtiens, qui alimente la déstabilisation du pays.
Un contrat sous haute opacité
Selon plusieurs sources gouvernementales et documents obtenus par Alternance Média, la société d’Erik Prince a signé, en 2025, un contrat de 85 millions de dollars us avec l’État haïtien.
Le texte, jamais publié officiellement, confie à cette structure privée des missions de “logistique aérienne, d’appui technique et de sécurisation d’infrastructures sensibles”.
Mais en réalité, ce contrat aurait ouvert la porte à des opérations aériennes et maritimes non déclarées, menées hors du contrôle de la Douane et de l’Aviation civile.
Des itinéraires de vol consultés par la rédaction confirment l’existence de trajets inhabituels reliant Santo Domingo, Providenciales, Fort-Liberté et Port-au-Prince.
Certains appareils, identifiés comme appartenant à des filiales de la société de Prince, ont effectué des atterrissages en mer, à proximité de Fort-Liberté, une pratique rare et risquée, utilisée dans des contextes militaires pour éviter la détection radar.
Des mouvements suspects entre la République dominicaine et Haïti
Les images analysées par Alternance Média montrent notamment un hélicoptère de type militaire, utilisé par la société de Prince, atterrissant régulièrement dans une base militaire dominicaine proche de la frontière nord.
Des témoins locaux affirment que ces mouvements coïncident avec des livraisons d’armes dans des zones récemment attaquées par des gangs, notamment Saut-d’Eau, Saint-Raphaël et Pignon.
Aucune opération conjointe officielle n’a été annoncée entre Port-au-Prince et Saint-Domingue, et aucun accord militaire bilatéral n’existe à ce jour.
Pourtant, ces manœuvres répétées se déroulent sous le regard bienveillant du gouvernement dominicain.
Des responsables politiques haïtiens évoquent un excès de zèle du président Luis Abinader, qui adopte un ton parfois menaçant à l’égard d’Haïti, tout en tolérant, voire facilitant, des activités paramilitaires à proximité immédiate de la frontière.
Les complicités internes haïtiennes
À Port-au-Prince, le gouvernement d’Alix Didier Fils-Aimé n’a jamais communiqué officiellement sur ce contrat de 85 millions de dollars américains signé avec la société d’Erik Prince.
Pourtant, selon plusieurs hauts fonctionnaires, le contenu du document donne froid dans le dos au sein même de l’administration.
Il confère à la société d’Erik Prince des droits d’accès privilégiés au territoire haïtien, notamment pour des opérations de surveillance aérienne, de “livraison urgente de matériel sensible” et de contrôle de certains axes routiers.
Des sources internes évoquent la présence d’homme étrangers armés sur certaines bases stratégiques, notamment dans le Nord et le Centre du pays.
Ces hommes auraient pour mission d’“observer” les mouvements de gangs, mais leur rôle réel reste flou.
Des experts en sécurité estiment que les cargaisons transportées contiennent du matériel militaire, en contradiction totale avec la loi haïtienne et les règlements de l’ONU sur le transfert d’armes vers des zones instables.
Des preuves accablantes
Les vidéos obtenues par Alternance Média montrent au moins deux opérations nocturnes de déchargement dans la région de Port-au-Prince et dans le Nord.
L’analyse croisée des trajectoires aériennes et des heures d’incidents sécuritaires révèle une corrélation inquiétante entre l’arrivée de ces appareils et les offensives de gangs dans ces zones.
Ces éléments renforcent la thèse d’une fourniture d’armes pilotée depuis l’extérieur, avec l’aval tacite de certaines autorités haïtiennes.
Une ingérence organisée contre la souveraineté haïtienne
De plus en plus de diplomates et d’experts s’inquiètent d’une ingérence organisée visant à maintenir Haïti dans un état de fragilité chronique.
Les livraisons d’armes, la présence de sociétés militaires privées et l’absence de transparence du gouvernement haïtien nourrissent un climat de suspicion généralisé.
Un analyste basé à Washington confie :
“Erik Prince n’agit jamais sans calcul stratégique. Là où il intervient, c’est souvent avec l’aval de puissances intéressées par le contrôle des routes, des ports ou des minerais.”
L’ensemble du dispositif des vols irréguliers aux atterrissages maritimes dessine les contours d’un réseau parallèle d’armement, orchestré depuis l’étranger, avec des relais internes bien placés.
La République en péril silencieux
Haïti traverse une crise politique et sécuritaire sans précédent.
Mais derrière les affrontements de gangs se cache un système structuré de domination logistique et militaire, orchestré avec la complicité d’acteurs locaux et régionaux.
Tant que le contrat de 85 millions de dollars, signé en 2025, ne sera pas rendu public et audité, le pays restera vulnérable à toutes les formes de manipulation étrangère.