Paris , le 30 octobre 2025 – Une nouvelle page de la littérature haïtienne s’écrit avec éclat. L’Académie française a décerné ce jeudi son prestigieux Grand Prix du roman 2025 à l’écrivaine haïtienne Yanick Lahens pour son œuvre Passagères de nuit, publiée aux éditions Sabine Wespieser.

Au terme d’un scrutin serré, l’Académie a tranché au troisième tour : onze voix pour Lahens contre dix pour Pauline Dreyfus, finaliste avec Un pont sur la Seine. Alfred de Montesquiou (Le Crépuscule des hommes) complétait le trio finaliste. Le prix, doté de 10 000 euros, constitue l’une des plus hautes distinctions littéraires françaises et ouvre traditionnellement la saison des grands prix d’automne, avant le Femina, le Goncourt, le Renaudot et le Médicis.

Une consécration pour la littérature haïtienne

Née à Port-au-Prince en 1953, Yanick Lahens, 71 ans, s’impose une fois de plus comme une voix majeure des lettres francophones. Lauréate du prix Femina en 2014 avec Bain de lune, elle entre aujourd’hui dans l’histoire en devenant la première autrice haïtienne récompensée par le Grand Prix du roman de l’Académie française.

Dans Passagères de nuit, l’écrivaine plonge dans la mémoire collective et rend hommage aux femmes de sa lignée, figures de courage et de résistance. L’ouvrage met en lumière des destins marqués par l’esclavage et la pauvreté, de Elizabeth, née en 1818 à La Nouvelle-Orléans, à Régina, “née pauvre parmi les pauvres” en Haïti un demi-siècle plus tard. Au centre du récit : la traversée effroyable des bateaux négriers, où des générations de femmes furent contraintes à survivre dans la nuit de l’histoire.

« Toujours avancer sans se retourner », tel est le mot d’ordre de ces héroïnes, que Lahens transforme en une fresque d’espérance et de dignité.

Une victoire aussi pour l’édition indépendante

Ce sacre est également un triomphe pour les éditions Sabine Wespieser, petite maison parisienne qui défend depuis 2002 des auteurs francophones et qui avait déjà remporté plusieurs grands prix littéraires.

Un symbole fort pour Haïti

Dans un contexte où Haïti traverse des épreuves sans précédent, cette distinction vient rappeler la force de la création haïtienne et sa capacité à rayonner au-delà des frontières. Yanick Lahens incarne, à travers son œuvre, la mémoire d’un peuple et la voix des femmes dont l’histoire a trop souvent été réduite au silence.

Avec ce prix, elle succède au Franco-Vénézuélien Miguel Bonnefoy, lauréat en 2024 avec Le Rêve du jaguar. Mais surtout, elle inscrit le nom d’Haïti au palmarès d’une des plus anciennes et prestigieuses institutions littéraires françaises, fondée en 1915.

Alternance Média suivra de près les retombées de ce prix en Haïti et en diaspora, où l’œuvre de Yanick Lahens est reçue comme un motif de fierté nationale et un signal d’espérance.

By Tanes DESULMA

Tanes DESULMA, Rédacteur en chef d’Alternance-Media, je suis diplômé en journalisme de l’ICORP et en droit public de l’École de Droit de La Sorbonne. Passionné par l’information et la justice, je m’efforce de proposer un journalisme rigoureux et engagé.

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