Port-au-Prince, 1er novembre 2025 —
À peine les eaux de la tempête Mélissa se sont-elles retirées que déjà les caméras du pouvoir se sont braquées sur les décombres. Ce vendredi 31 octobre, une délégation gouvernementale conduite par le conseiller-président Leslie Voltaire, accompagnée du ministre des Travaux publics Raphaël Hosty et du directeur de cabinet du Conseil présidentiel de transition (CPT), Miradin Morlan, s’est rendue à Jacmel pour “évaluer les dégâts” causés par l’ouragan.
Selon un communiqué de la Direction de la communication de la Police nationale (DICOP), cette mission visait à planifier les “travaux de reconstruction et de réhabilitation” dans les zones touchées, notamment le boulevard Bord de Mer connu sous le nom de Lakou New York et la route de l’Amitié, à Bassin Caïman.
Mais derrière les mots feutrés des communiqués officiels, une réalité s’impose : celle d’un peuple meurtri, abandonné avant, pendant et après la tempête. Les habitants sinistrés du Sud-Est, comme ceux d’autres départements affectés, peinent encore à trouver un abri, de la nourriture ou des soins de base. Pendant ce temps, certains responsables voient déjà dans la catastrophe une occasion de visibilité… et de nouveaux budgets à manipuler.
La misère de la population ne doit pas devenir un business
Au lieu d’assumer leurs responsabilités, certains dirigeants instrumentalisent la souffrance du peuple pour justifier de nouvelles dépenses ou des “fonds d’urgence” dont l’opacité est devenue la norme. La gestion post-cyclonique en Haïti est souvent un marché : celui des contrats publics attribués sans transparence, des promesses d’aide jamais suivies d’effets, et d’un appareil d’État plus prompt à profiter qu’à protéger.
Le devoir du peuple : exiger des comptes
Il est temps que la population cesse d’être spectatrice de sa propre misère. Les Haïtiens doivent forcer leurs dirigeants à rendre des comptes, à agir avant que les catastrophes ne se produisent, et non après, pour la galerie.
L’ouragan Mélissa ne doit pas devenir un prétexte pour enrichir les mêmes réseaux de corruption, mais un rappel brutal : la reconstruction d’Haïti ne dépendra jamais des discours, mais de la vigilance du peuple.