New York, mardi 4 novembre 2025 — La plus grande ville des États-Unis élit aujourd’hui son 111ᵉ maire, dans un scrutin à un seul tour qui s’annonce historique. En tête des sondages, Zohran Mamdani, 34 ans, élu du Queens et figure montante de la gauche démocrate, pourrait devenir le symbole d’un renouveau politique face au trumpisme retrouvé.
Un jeune social-démocrate face à l’establishment
Fils d’immigrés indiens et musulman pratiquant, Zohran Mamdani incarne une nouvelle génération progressiste, portée par les jeunes urbains et les classes populaires new-yorkaises.
Son programme, centré sur la lutte contre la vie chère, promet l’encadrement des loyers, la gratuité des bus et des crèches, et une meilleure redistribution des richesses.
Caricaturé en “communiste” par Donald Trump, Mamdani assume un discours social-démocrate, loin des excès idéologiques que ses détracteurs lui prêtent.
Une campagne sous tension
Le scrutin new-yorkais est devenu, malgré lui, le premier test politique du président Donald Trump depuis son retour à la Maison-Blanche en janvier dernier.
Le président républicain s’est personnellement investi dans la campagne, apportant son soutien explicite à Andrew Cuomo, 67 ans, ex-gouverneur démocrate battu à la primaire et désormais candidat indépendant.
« Vous n’avez pas le choix : votez pour Cuomo ! », a-t-il lancé sur son réseau Truth Social, fustigeant Mamdani qu’il juge “incompétent”.
Le troisième homme, Curtis Sliwa, 71 ans, candidat républicain historique, a refusé de se retirer malgré la proximité de ses positions avec celles de Cuomo — pro-entreprises, sécuritaires et conservatrices.
Un vote symbolique et massif
Près de 735 000 électeurs ont déjà voté par anticipation, soit quatre fois plus qu’en 2021. Un chiffre record, interprété par les analystes comme le signe d’un fort enthousiasme populaire — ou d’une inquiétude profonde quant à l’issue du scrutin.
Le taux de participation pourrait ainsi dépasser largement les 23 % enregistrés il y a quatre ans.
Soutiens prudents et critiques internes
Si Zohran Mamdani suscite l’enthousiasme des militants progressistes, il ne fait pas l’unanimité au sein du Parti démocrate.
Le chef des sénateurs, Chuck Schumer, n’a pas pris position. Et même Hakeem Jeffries, chef des démocrates à la Chambre, s’est montré réservé : « Mamdani n’est pas l’avenir de notre camp », a-t-il déclaré, tout en lui apportant un soutien tardif.
À l’inverse, Barack Obama a salué la campagne du jeune candidat, dénonçant les attaques “islamophobes” dont il a été victime.
🇺🇸 Une portée nationale
Au-delà de New York, cette élection résonne dans tout le pays. Donald Trump a récemment déployé l’armée dans plusieurs bastions démocrates — Portland, Chicago, Washington, Memphis, Los Angeles — sous prétexte de “restaurer l’ordre”.
Face à cette dérive autoritaire, Mamdani promet de résister fermement à toute politique discriminatoire ou répressive.
Dans le même temps, plusieurs autres scrutins tests se tiennent ce mardi :
Au New Jersey, la démocrate modérée Mikie Sherrill affronte le républicain Jack Ciattarelli. En Virginie, l’ex-agente de la CIA Abigail Spanberger pourrait devenir la première femme gouverneure de l’État. En Californie, les électeurs votent sur un redécoupage électoral favorable aux démocrates, réponse directe à une initiative trumpiste au Texas.
Un scrutin sous haute surveillance
Les bureaux de vote new-yorkais resteront ouverts jusqu’à 21h (02h GMT mercredi).
Les premiers résultats sont attendus dans la nuit, mais déjà, une certitude s’impose : le visage politique de New York est en train de changer.
Si Zohran Mamdani l’emporte, ce ne sera pas seulement une victoire municipale. Ce sera un message national, celui d’une Amérique urbaine, diverse et combative, qui refuse de se plier à la logique de peur et d’exclusion.