Doha, 3 novembre 2025 — Le président du Conseil Présidentiel de Transition, Laurent Saint-Cyr, s’est rendu au Qatar pour rencontrer le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, S. E. Cheikh Mohammed bin Abdulrahman bin Jassim Al-Thani. Selon le communiqué officiel de la Présidence, cette rencontre visait à renforcer la coopération bilatérale et à solliciter le soutien du Qatar dans les domaines de la sécurité et du développement social.
Mais derrière le ton diplomatique du texte, une question demeure : qu’est-ce qu’Haïti est réellement venu proposer à Doha ?S’ interroge, dans sa chronique, Ralph Siméon, éditorialiste politique à «ALTERNANCE MÉDIA »

Aujourd’hui, le pays ploie sous les conséquences du passage de l’ouragan Mélissa, aggravées par une insécurité qui paralyse presque toute activité économique. Le président du Conseil de Transition a salué « l’amitié entre Haïti et le Qatar » et remercié l’émirat pour son appui moral et humanitaire. Cependant, aucun plan de reconstruction, aucun document de priorités nationales ni projet structuré n’a été présenté au gouvernement qatari.

Le communiqué mentionne que le Qatar a réaffirmé sa volonté de soutenir le rétablissement de la sécurité en Haïti, notamment à travers la Force de Répression des Gangs (GSF), approuvée par le Conseil de sécurité des Nations Unies. Mais une fois encore, l’initiative et la vision stratégique viennent de l’extérieur. Port-au-Prince semble se contenter de recevoir des promesses, sans définir lui-même les mécanismes d’action.

Les discussions ont également abordé la réinsertion des jeunes et la construction de logements pour les policiers, des thèmes importants mais déjà évoqués à maintes reprises dans d’autres forums. Rien n’indique qu’une étude de faisabilité, un calendrier d’exécution ou même une estimation budgétaire aient accompagné ces annonces.

Cette visite au Qatar, censée renforcer la diplomatie haïtienne, met surtout en lumière le vide de planification du Conseil Présidentiel de Transition. À l’heure où le pays traverse une crise multidimensionnelle, économique, sécuritaire, institutionnelle et humanitaire, Haïti se présente à ses partenaires sans feuille de route claire, ni vision à court, à moyen ou à long terme.

Laurent Saint-Cyr espère visiblement obtenir de nouveaux engagements financiers et techniques, mais les promesses sans stratégie risquent de s’ajouter à la longue liste des discours sans suite.
Haïti n’a pas seulement besoin de main tendue, mais d’un leadership capable de définir ses priorités et de parler d’égal à égal avec ses partenaires internationaux.

By Ralph Siméon

Ralph SIMÉON- journaliste engagé, animateur et entrepreneur. J'ai fait mes premiers pas à Radio Haïti Inter, média emblématique et référence nationale. En France, j'ai cofondé Haïti Tribune avant de rejoindre le service créole de Radio France Internationale ( RFI). Mon parcours incarne un engament constant en faveur de l'information , du lien social et de la valorisation d' Haïti sur la scène internationale.

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