Le secteur de la santé en Haïti, déjà gravement fragilisé, est aujourd’hui la cible de violences systématiques, a averti vendredi William O’Neill, expert indépendant des Nations Unies sur la situation des droits humains en Haïti. Il a dénoncé des attaques “scandaleuses” menées par des gangs armés contre des hôpitaux, des cliniques et des travailleurs de la santé en décembre 2024.
Un système de santé au bord de l’effondrement
Selon William O’Neill, ces agressions ont encore affaibli un système de santé déjà à genoux. Les événements récents, comme l’attaque de l’hôpital Bernard Mevs à Port-au-Prince le 17 décembre et l’assassinat de plusieurs journalistes ainsi qu’un agent de la police nationale haïtienne à l’hôpital général le 24 décembre, illustrent une tendance inquiétante : les structures médicales sont devenues des cibles privilégiées.
« Les gangs criminels ont assassiné et enlevé des médecins, infirmières et travailleurs de la santé, y compris des humanitaires. Ils ont saccagé, incendié et détruit de nombreux hôpitaux, obligeant plusieurs d’entre eux à fermer », a expliqué M. O’Neill.
Des attaques intentionnelles contre le système de santé
Selon l’expert, ces agressions ne sont pas accidentelles mais planifiées. Les gangs menacent ouvertement les établissements médicaux, et dans certains cas, des officiers de police auraient également été impliqués dans des violences contre des patients et des soignants.
Le résultat est catastrophique : seulement 37 % des établissements de santé de Port-au-Prince sont pleinement opérationnels, et ils restent difficilement accessibles à cause de l’insécurité. De plus, de nombreux membres du personnel médical quittent le pays par crainte pour leur vie, accentuant la pénurie de professionnels de santé.
Des conséquences dramatiques pour la population
La violence endémique en Haïti a des répercussions directes sur le droit à la santé de la population, notamment pour les enfants vivant dans des conditions précaires. La résurgence de maladies comme le choléra et la tuberculose inquiète particulièrement les organisations internationales.
« Le peuple haïtien paie un prix inacceptable en voyant son accès aux soins gravement entravé », a souligné M. O’Neill.
Haïti : un pays dangereux pour les journalistes
Les événements du 24 décembre ont également mis en lumière les dangers auxquels sont confrontés les journalistes en Haïti. Le pays figure parmi les endroits les plus risqués pour exercer ce métier, avec de nombreux professionnels assassinés ou contraints à l’exil face à des menaces de mort.

© UNICEF: Des infirmières travaillant à l’unité pédiatrique de l’hôpital universitaire Justinien à Cap Haïtien,
L’appel à la communauté internationale
William O’Neill exhorte la communauté internationale à intensifier son soutien pour aider Haïti à combattre l’insécurité et garantir le droit fondamental à la santé. Il demande aussi que l’État haïtien enquête sur les responsables de ces attaques et veille à ce qu’ils soient traduits en justice.
« Le rétablissement de l’accès sans entrave aux infrastructures médicales et la protection des soignants doivent être des priorités absolues », a conclu l’expert.
Dans un contexte où l’insécurité et la violence semblent inarrêtables, cet appel pourrait être un ultime espoir pour un système de santé en péril et pour des millions de Haïtiens en quête de soins.