Port-au-Prince continue de sombrer dans le chaos, sous l’emprise de groupes armés qui imposent leur loi dans des quartiers autrefois stratégiques de la capitale. L’échec cuisant d’une opération sécuritaire menée le 23 avril dans la zone de Pacot illustre l’incapacité de l’État à reprendre le contrôle. Tandis que les institutions éducatives et économiques ferment les unes après les autres, la question de l’avenir du pays reste suspendue à une intervention internationale qui se fait toujours attendre
Entre la montée en puissance des gangs et l’absence flagrante d’une stratégie cohérente des autorités haïtiennes, les quartiers de Pacot, Turgeau et Babiole s’enfoncent chaque jour davantage dans une spirale de violence incontrôlée. Le mercredi 23 avril, une intervention des forces de l’ordre appuyées par des brigadiers venus de Canapé-Vert s’est soldée par un cuisant échec. Environ six morts ont été recensés dans les rangs des brigadiers et de la police, avec plus d’une dizaine de blessés. Ce revers sanglant n’a fait qu’exacerber les tensions.
Le lendemain, jeudi 24 avril, les affrontements se sont intensifiés. Des sources fiables font état de plusieurs morts et blessés dans le camp de la coalition armée « Viv Ansanm », qui continue de progresser vers des zones symboliques du haut de la ville. Une enquête menée par notre rédaction révèle que des établissements comme le collège Saint-François d’Assise, Saint-Jean Évangéliste, l’École Normale Supérieure et l’UNDH sont aujourd’hui utilisés comme abris ou zones de repli pour les gangs.
La situation est critique au point que des institutions de prestige comme le collège Canado-Haïtien ont été contraintes de fermer leurs portes pour la troisième fois depuis la recrudescence de l’insécurité. Le Collège Roger Anglade et le Centre d’Études Internationales (CIC) connaissent le même sort. Le secteur bancaire est également affecté : si les succursales de la BNC, de la Sogebank et de l’Unibank fonctionnaient déjà au ralenti, la fermeture définitive de la BNC dans la zone semble annoncer un retrait en cascade des autres.
L’hôtel Marriott, l’un des rares hôtels internationaux du pays, a confirmé la fermeture temporaire de ses portes à partir du 30 avril, signe accablant de la désertion progressive des investisseurs et des partenaires étrangers. Ces fermetures ont des conséquences économiques immédiates : licenciements massifs, chômage accru, perte de revenus pour l’État et baisse généralisée de l’activité économique.
Dans ce contexte, une question s’impose : quel rôle l’État peut-il encore jouer ? Comment en est-on arrivé là ? Où est passée la fameuse force multinationale de soutien à la sécurité, promise et tant attendue ? La population, prise au piège entre l’impuissance des autorités et la brutalité des groupes armés, se demande s’il reste encore une issue. Faudra-t-il une magie pour s’en sortir ? Ou un véritable sursaut de conscience nationale accompagné d’un appui international crédible et immédiat ? L’avenir reste en suspens.