Après plus d’un an
de gouvernance sans résultats tangibles, le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) pèse lourd sur les finances publiques. Alors que le pays enregistre une croissance économique négative (-4,2 %), une inflation annuelle dépassant les 28 %, un taux de chomage à la hausse. Chaque membre du CPT coûte en moyenne 2 663 dollars américains par jour et 79 915 dollars US par mois à l’État haïtien.
Observe dans son éditorial Willy Désulma, directeur adjoint de la rédaction « ALTERNANCE MÉDIA «
Un an après l’installation du Conseil présidentiel de transition (CPT) en avril 2024, le constat économique est alarmant. Annoncé comme une sortie de crise politique, ce nouveau pouvoir n’a pas su stabiliser la situation économique ni proposer un cap clair pour relancer la croissance. Le pays s’enfonce davantage dans la récession, l’inflation, le chômage et l’incertitude.
Selon les estimations de ProEcoHaïti, le PIB haïtien s’est contracté de 4,2 % en 2024( une croissance negative de ( -4,2)), une performance encore plus négative que sous le gouvernement d’Ariel Henry en 2023 (-2,3 %). Cette dégringolade s’explique par l’insécurité généralisée, la paralysie des ports et des axes routiers, et l’absence de politiques publiques efficaces.
Les recettes fiscales représentent à peine 6,8 % du PIB en 2024, contre 8,1 % en 2023 et 9,3 % en 2022, illustrant la chute de la capacité de l’État à mobiliser des ressources internes.Selon les chiffres de la Banque de la République d’Haïti (BRH), l’inflationen en glissement annuel etait de 28.5 % en décembre 2024 contre 21.2 en decembre 2023, mettant des milliers de ménages dans une situation de détresse aiguë en réduisant considérablement leur pouvoir d’achat.
Le chômage progresse aussi. Des dizaines d’entreprises ont cessé leurs activités. Parmi les plus emblématiques, l’Hôtel Marriott à Port-au-Prince, l’un des derniers établissements hôteliers internationaux encore actifs au centre ville, anonce une suspension temporaire de ses opérations en avril 2025, faute de sécurité.
Les petites et moyennes entreprises (PME) sont les premières victimes. Plusieurs d’entre elles ont été incendiées ou pillées dans les quartiers de Tabarre, Delmas, solino, croix des bouquets, centre ville, carrefour Feuille, Martissant, Mirbalais et même à l’Artibonite, augmentant considérablement le taux de chomage et le nombre de personnes sans domicile fixe. Dans les villes de province, les entreprises peinent à s’approvisionner en raison de l’emprise des gangs sur les quatre axes routiers majeurs desservant la capitale : la Nationale #1 (Canaan), la Nationale #2 (Martissant), la nationale #3 (morne à Carbrit- Mirbalais), la route de Malpasse et celle de Kenscoff.
Cette situation provoque une flambée des prix en province. Un produit alimentaire de base peut coûter jusqu’à 50 % plus cher aux Gonaïves qu’à Port-au-Prince. Le vendredi 12 avril 2025, notre équipe a mené une enquête de terrain aux Gonaïves. Un sac quelquoncle de riz de 25 kg y était vendu à 6 500 gourdes, contre 4 200 gourdes à Port-au-Prince.
Par ailleurs, Selon les données communiquées par le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) coûte à l’État haïtien la somme de 1 122 000 000 de gourdes par an, soit l’équivalent de 8 630 770 dollars américains. Ce montant représente une dépense mensuelle de 719 230 dollars pour assurer le fonctionnement du Conseil. En moyenne, chaque membre du CPT bénéficie ainsi de 79 915 dollars par mois, soit environ 2 663 dollars par jour. Il est à signaler que ce montant comprend des avantages en nature : résidences, carburant, sécurité rapprochée, nouriture, frais pour conjointe etc. Cette gabegie contraste violemment avec la réalité d’un pays où plus de 60 % de la population vit sous le seuil de pauvreté.
La gouvernance du CPT, loin d’être une solution, est devenue un fardeau économique pour Haïti. Sans cap, sans stratégie de relance ni volonté de transparence, cette administration aggrave une crise déjà structurelle. L’urgence d’un changement profond et d’une gouvernance réellement axée sur le développement et la justice sociale est plus criante que jamais.