À trois jours de son installation , officielle, à la Maison Blanche, Donald TRUMP fait déjà trembler les 9  membres du conseil présidentiel. En effet, le sénateur Marco RUBIO, futur patron de la diplomatie américaine ; dans un article publié , dans le journal Miami Herald, par Jacqueline Charles et Michael Wilner. Le secrétaire d’État américain, RUBIO, qui prendra sa fonction dès lundi 21 janvier déclare ceci : « nous encourageons les partenaires étrangers à assurer un certain niveau de stabilité et de sécurité en Haïti, afin d’explorer les opportunités d’avoir un gouvernement de transition doté de la légitimité qui peut finalement conduire à la tenue d’élections ».

Le CPT, serait-il menacé par le duo TRUMP- RUBIO ?

Si on ne peut pas affirmer avec certitude une telle option, en revanche la sémantique utilisée par l’ancien membre de la commission des affaires étrangères et vice- président de la commission du renseignement du sénat américain doit-être prise très au sérieux.

En utilisant l’expression l’«  opportunité d’avoir un gouvernement légitime « . Cette expression , laisse à penser que le CPT n’est pas légitime. 

Aurait-Il raison de considérer que les autorités actuelles ne l’étaient pas ? 

Si notre fierté patriotique nous pourrait amener à être révoltée, par contre du point de vue de la science politique, on ne peut pas lui donner tort. 

En Haïti, souvent, c’est l’émotion et la démagogie qui prennent le dessus sur la raison et la science. D’ailleurs , en Haïti, les notions de légalité et de légitimité se confondent. 

Alors pour tenter d’y répondre, nous devons poser la question suivante:

Quels sont les principaux caractéristiques d’un gouvernement légitime.

              La notion de Légitimité :

La légitimité est le caractère de toute domination qui semble justifiée, normale, habituelle, c’est- à -dire conforme aux valeurs dominantes dans une société. 

La légitimité se distingue de la légalité, car elle ne se limite pas au seul respect des modalités légales de dévolution du pouvoir , et peut même s’ y opposer. 

La notion même de légitimité suppose l’existence d’un consentement de la part de ceux qui sont soumis au pouvoir. Ce consentement concerne tous les régimes politiques dans lesquels des dirigeants prétendent diriger, gouverner au nom des valeurs qui sont celles de la société, et dans lesquelles ils ne sont pas ou peu contredits sur cette prétention. 

On peut distinguer diverses formes de légitimité sur lesquelles s’appuie un pouvoir : Dieu, la Nature, La raison, la nécessité  économique…. Max Weber distingue à cet égard trois grands types de domination légitime : légitimité légale – rationnelle, traditionnelle, charismatique.

Le consentement de la population comme critère de la légitimité est plus une hypothèse qu’un fait: il est souvent difficile de le montrer, car « qui ne dit mot ne consent pas toujours «  (Michel Dobry). La légitimité n’est pas une chose possédée par les dirigeants ; elle ne renvoie pas aux seuls stratégies de ces derniers. En écrivant qu’ » un gouvernement légitime est celui qui a réussi à persuader les gouvernés qu’il est conforme à leur intérêt, d’obéir au petit nombre «, Pareto pointe avec justesse qu’il n’ y a pas de substance de la légitimité. Mais il néglige le lien entre l’ordre social et l’ordre politique, et le fait que les processus de légitimation ne dépendent pas seulement de la volonté des dirigeants. La prudence implique donc d’envisager la légitimité de façon relationnelle, comme le résultat d’un processus. À cet égard, la science politique prête davantage attention à la légitimation ( et à la délégitimation) qu’à la légitimité.

La légitimation est le processus par lequel les dirigeants « démontrent les aptitudes à assurer le triomphe des valeurs « (Jacques Lagroye), des valeurs qui sont souvent posées comme constitutives de la société. Légitimation politique et légitimation de l’ordre social sont donc inextricablement liées. La légitimation du pouvoir politique correspond à l’ensemble des processus « qui rendent l’existence d’un pouvoir coercitif spécialisé -tolérable sinon désirable, c’est – à – dire qui le fasse concevoir comme une nécessité sociale sinon comme un bienfait ». Elle vient aussi bien du soutien spécifique apporté aux dirigeants du fait des performances du système politique, qu’au soutien diffus issu du processus de socialisation politique.

Donc, à cet égard ce serait de la malhonnêteté intellectuelle de dire que le CPT est légitime. On peut même oser de dire, depuis 2010  nous n’avons aucun pouvoir légitime en Haïti. Dans la mesure que nos deux derniers présidents élus, en l’espèce : Joseph Michel Martelly et Jovenel Moise, malgré de forte somme d’argent dépensée, n’avaient obtenu que :716 986 votes sur un corps électoral de 4 694 991 votants pour le premier, tandis que le second 590 927 votes sur un  corps électoral de 6 189 253 électeurs ; avec un participation de 21%.

Ensuite s’ensuit que des gouvernements et de présidents provisoires, qui ne sont ni constitutionnels ni légitimes.

Il faut, quand bien même souligner que le nouvel homme fort de la diplomatie américaine est issue d’un État ( la Floride) qui compte 22 millions d’ habitants. Or, Haïti en compte 13 millions. 

Donc, comment pourrait-on expliquer que nous  avons 9 présidents qui nagent dans la corruption, qui ne représentent qu’eux mêmes; ils ont réussi l’exploit de perdre le soutien des secteurs qui les avaient désignés- bien que la méthode qui avait conduit au choix de ces  secteurs était complètement  farfelu.

Quand on connaît l’influence des États-Unis dans la politique haïtienne , on peut en douter, que l’anticommuniste Marco Rubio finirait par avoir la peau du CPT, s’il en avait décidé. Il reste quand même une fenêtre de tir pour le CPT: apporter des victoires et des trophées pour les haïtiens et les haïtiennes, en accélérant dans la lutte contre l’insécurité et les gangs .

Sinon, l’épée de Damoclès sur leurs têtes sera de plus en plus réelle, après l’installation de Trump à la Maison Blanche et Rubio au Département d’État!

By Tanes DESULMA

Tanes DESULMA, Rédacteur en chef d’Alternance-Media, je suis diplômé en journalisme de l’ICORP et en droit public de l’École de Droit de La Sorbonne. Passionné par l’information et la justice, je m’efforce de proposer un journalisme rigoureux et engagé.