Le Prix Goncourt est la récompense littéraire la plus prestigieuse du monde francophone. Créé en 1903 par les frères Edmond et Jules de Goncourt, il est attribué chaque année par l’Académie Goncourt au meilleur roman de langue française paru dans l’année
Au-delà de l’honneur, le Goncourt garantit un succès public et commercial considérable : le roman lauréat peut se vendre à plus de deux millions d’exemplaires.
Haïti au sommet de la littérature française
L’écrivaine haïtienne Yanick Lahens figure parmi les quinze auteurs et autrices retenus pour la première sélection du Prix Goncourt 2025, grâce à son roman Passagères de nuit, publié aux éditions Sabine Wespieser. Dès l’annonce, la presse littéraire française l’a placée parmi les favoris pour décrocher la récompense suprême, dont le verdict tombera le 4 novembre.
Un prix prestigieux, une compétition acharnée
Depuis 122 ans, le Prix Goncourt s’impose comme la distinction littéraire la plus convoitée du monde francophone. Il ne peut être attribué qu’une seule fois dans la carrière d’un écrivain. De Romain Gary, qui a mystifié le jury sous le pseudonyme d’Émile Ajar, aux grands noms couronnés par Gallimard, Grasset ou Albin Michel, le palmarès du Goncourt reste un marqueur décisif dans la trajectoire d’un auteur.
Être en lice, c’est déjà un gage de reconnaissance, mais être citée parmi les favorites, c’est entrer dans une autre dimension : celle où l’on attend que le jury fasse d’une œuvre une référence durable.
Yanick Lahens, une voix haïtienne universelle
Lauréate du Prix Femina 2014 pour « Bain de lune », Yanick Lahens incarne la grande voix de la littérature haïtienne contemporaine. Née à Port-au-Prince en 1953, elle est également titulaire de la prestigieuse chaire des Mondes Francophones au Collège de France, où elle met en lumière la richesse de l’histoire et de la pensée haïtiennes.
À travers son œuvre, Lahens convoque la mémoire de la révolution haïtienne, le combat des figures comme Anténor Firmin, et la nécessité d’une littérature qui relie Haïti au monde, loin des clichés misérabilistes. Avec Passagères de nuit, elle poursuit cette démarche en inscrivant la voix haïtienne dans une modernité littéraire et universelle.
Le contraste : l’écho en France, le silence en Haïti
Alors que la presse française suit avec attention chaque étape de la compétition, en Haïti, la nouvelle est passée presque inaperçue. Ce silence médiatique souligne une fracture inquiétante : nous savons nous passionner pour des polémiques stériles, mais nous ignorons nos ambassadeurs culturels qui font rayonner Haïti au plus haut niveau international.
Un enjeu collectif
La nomination de Yanick Lahens parmi les favorites du Prix Goncourt 2025 est plus qu’une reconnaissance personnelle : c’est une victoire symbolique pour la littérature haïtienne. Elle nous rappelle que l’avenir d’Haïti ne pourra se reconstruire sans ses intellectuels, sans sa culture, sans celles et ceux qui portent la voix du pays dans les grandes arènes mondiales.
Yanick Lahens n’est pas seulement une romancière. Elle est un symbole de ce que Haïti a de plus précieux : une parole universelle, enracinée dans l’histoire et ouverte sur le monde.