En 2024, Haïti traverse une crise multidimensionnelle exacerbée par la violence des gangs. Avec plus de 5 600 morts, 2 212 blessés et 1 494 enlèvements enregistrés au cours de l’année, selon les Nations Unies, le pays fait face à une tragédie humaine qui inflige également des pertes économiques massives. Au-delà des souffrances individuelles, la violence des gangs mine les fondations mêmes de l’économie et de la société haïtiennes.
Une évaluation des coûts directs et indirects
L’impact de la violence peut être mesuré à travers deux catégories principales : les coûts directs, liés aux pertes humaines et matérielles, et les coûts indirects, qui reflètent les effets en cascade sur l’économie et la société.
Coûts directs : 713,82 millions de dollars
Ces coûts incluent :
• La valeur de la vie statistique (VLS) : une estimation économique de la perte des 5 600 vies humaines.
• Les frais médicaux : les soins aux 2 212 blessés, souvent dispensés dans des structures de santé fragilisées.
• Les rançons : les paiements effectués par les familles des 1 494 victimes d’enlèvements.
Coûts indirects : 856,59 millions de dollars
Les coûts indirects comprennent :
• La perte de productivité due à la disparition de travailleurs et à l’insécurité empêchant l’activité économique normale.
• Les dépenses accrues en sécurité : entreprises et ménages investissent dans des mesures de protection coûteuses.
• Le frein aux investissements : le climat de peur dissuade les acteurs locaux et étrangers d’investir dans le pays.
Avec un multiplicateur économique de 1,2, ces impacts s’amplifient, soulignant les conséquences en chaîne de la violence sur l’économie haïtienne.

Conséquences sociales et économiques
Une société brisée
Les 5 600 vies perdues représentent bien plus que des statistiques. Chaque décès laisse derrière lui des familles endeuillées et des communautés fragilisées. Les blessures physiques et psychologiques subies par les survivants, ainsi que la peur omniprésente, érodent la cohésion sociale.
Une économie en spirale descendante
Haïti, avec un PIB par habitant de 1 745,9 dollars et une croissance économique négative de -4,2 %, lutte déjà pour sortir de la pauvreté. La violence des gangs aggrave cette situation :
• Les entreprises ferment ou réduisent leurs activités, augmentant le chômage.
• Les infrastructures clés sont abandonnées ou détruites, paralysant les transports et les communications.
• La fuite des cerveaux : de nombreux professionnels, notamment dans le secteur médical et éducatif, quittent le pays, affaiblissant encore ses institutions.
Avec une population en croissance de 1,8 %, la pression sur les ressources économiques et sociales ne fait qu’augmenter.
Un appel à l’action
Face à cette crise, des solutions immédiates et de long terme sont nécessaires.
1. Renforcer la sécurité
Le gouvernement haïtien, avec l’appui de la communauté internationale, doit :
• Augmenter les capacités des forces de sécurité.
• Mettre en place des programmes de désarmement et de réinsertion pour les membres des gangs.
2. S’attaquer aux causes profondes
Pour briser le cycle de la violence, il est essentiel de répondre aux problèmes structurels :
• Réduire la pauvreté : investir dans des projets de développement communautaire.
• Améliorer l’éducation : fournir des alternatives à la criminalité pour les jeunes.
• Créer des opportunités économiques : encourager l’entrepreneuriat et attirer des investissements.
3. Restaurer l’État de droit
La lutte contre l’impunité est cruciale. Les autorités doivent :
• Poursuivre en justice les responsables des crimes.
• Réformer les institutions judiciaires pour garantir l’équité et l’efficacité.
Conclusion
La violence des gangs en Haïti dépasse les pertes humaines immédiates. Elle sape l’économie, affaiblit la société et compromet l’avenir du pays. Pour sortir de ce cercle vicieux, une approche globale et coordonnée est indispensable, impliquant à la fois des actions locales et un soutien international. Le peuple haïtien, pris au piège d’une crise prolongée, mérite des solutions concrètes et durables pour reconstruire sa nation.