Lâché par Washington, désavoué par ses parrains politiques et maintenant abandonné par Fanmi Lavalas, le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) vacille. Le dernier soutien populaire significatif se retire du processus, tandis que l’OEA appelle déjà à sa dissolution au profit d’un nouveau gouvernement plus légitime.
Le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) vient de subir un nouveau coup dur. Ce jeudi matin, sur les ondes de Magik 9, Joël Vorbe, haut cadre de Fanmi Lavalas et proche de Jean-Bertrand Aristide, a annoncé le retrait officiel du parti du processus de transition. Sans détour, il a exigé le départ immédiat du CPT.
« Ce conseil n’a aucune légitimité populaire. Il ne représente rien d’autre qu’un arrangement entre clans en quête de pouvoir », a déclaré Vorbe, fermement opposé à la poursuite d’un processus qu’il juge profondément vicié.
Cette rupture fracassante vient enterrer toute illusion de consensus autour d’un Conseil de plus en plus décrié. Fanmi Lavalas, ancré dans les quartiers populaires et fort d’une solide base historique, était l’un des derniers partis à ne pas s’être totalement désolidarisé du CPT. Son retrait marque une rupture politique majeure.
Un conseil de plus en plus seul
Depuis plusieurs mois, les défections s’enchaînent. Montana, EDE, l’Accord du 21 Décembre et la Coalition du 30 Janvier ont tous claqué la porte. Désormais, seul Moïse Jean-Charles, avec son parti Pitit Dessalines, affiche encore un soutien ambigu au CPT — un appui qui semble davantage motivé par le calcul que par la conviction.
Dans une interview exclusive accordée au magazine The Washington Diplomat, Albert Randin, nouveau Secrétaire général de l’Organisation des États américains (OEA), est allé encore plus loin. Il a appelé ouvertement à un « nouveau consensus politique » en Haïti, estimant que le CPT est aujourd’hui incapable de porter une transition légitime ou d’organiser des élections crédibles. Il plaide pour la mise en place d’un nouveau gouvernement, plus inclusif et représentatif, afin d’éviter un effondrement total de l’État haïtien.
Cette prise de position tranche avec les silences habituels de Washington et marque un désaveu international majeurpour le Conseil Présidentiel, dont les marges de manœuvre se réduisent à vue d’œil.
Qui soutient encore le CPT ? Tour d’horizon des retraits :
- Montana : En rupture depuis plusieurs mois. Le groupe dénonce un processus biaisé, sans participation citoyenne ni feuille de route claire.
- EDE (Engagés pour le Développement – Claude Joseph) : Retrait fracassant après des accusations de trahison des engagements initiaux.
- Accord du 21 Décembre (Me André Michel) : Plusieurs signataires se sont désolidarisés, dénonçant une dérive autoritaire et opaque.
- Coalition du 30 Janvier : Départ officiel en avril, citant le blocage des réformes sécuritaires et le manque de transparence.
- Fanmi Lavalas : Dernier retrait en date, officialisé ce 23 mai par Joël Vorbe.
- Moïse Jean-Charles (Pitit Dessalines) : Toujours officiellement allié au CPT, mais son positionnement devient de plus en plus ambigu.
Une transition à l’agonie
Ce qui devait être un organe de sortie de crise est devenu une machine de reproduction du statu quo. Entre lenteur, querelles internes, décisions opaques et absence totale de résultats tangibles, le CPT apparaît désormais comme un obstacle plus qu’une solution. Le départ de Lavalas pourrait en être le coup de grâce politique, précipitant une reconfiguration complète du paysage de la transition.