L’adoption par le Conseil de sécurité des Nations Unies d’une résolution créant une Force de Lutte contre les Gangs (GSF) et autorisant l’installation d’un Bureau de Soutien de l’ONU en Haïti marque, à bien des égards, un tournant dans la crise haïtienne. Pour la première fois, la communauté internationale envoie un signal clair : l’ère de l’impunité des gangs doit prendre fin.

Un vote historique, mais fragile

Le Président du Conseil Présidentiel de Transition, Laurent Saint-Cyr, s’est félicité de cette avancée diplomatique, y voyant une « étape décisive » vers la restauration de la sécurité. Washington, de son côté, a promis un appui actif au déploiement de la Force, tout en rappelant que « le travail est loin d’être terminé ».

Cet enthousiasme est légitime, mais il ne doit pas masquer la dure réalité : la bataille contre les gangs ne se gagnera pas uniquement dans les couloirs de l’ONU.

L’opposition pose les vraies questions

L’avocat et homme politique Me André Michel, chef de file de l’accord du 21 décembre et ennemi juré des gangs de Viv Ansanm, a accueilli favorablement la résolution, tout en posant un bémol essentiel : aucune solution durable n’est possible sans une issue politique.

Cette remarque doit être prise au sérieux. Car l’expérience récente l’a prouvé : des forces étrangères peuvent aider à rétablir un minimum de sécurité, mais si le vide politique demeure, les armes reprennent rapidement le dessus.

Les gangs menacent dès l’ouverture des classes

Comme pour défier ce nouvel ordre annoncé, des figures proches de la coalition criminelle ont déjà lancé un appel à la mobilisation pour ce mercredi, exigeant la fermeture de toutes les écoles de la capitale. Ce chantage armé survient au moment même où le pays vit l’ouverture officielle des classes, symbole fragile d’un retour à la normalité.

Encore une fois, les gangs cherchent à paralyser la vie sociale et à imposer leur loi, en frappant là où ça fait mal : l’éducation des enfants haïtiens.

Le vrai défi : la volonté politique

L’ONU a donné à Haïti un instrument : une force internationale prête à appuyer le combat contre les gangs. Mais la clé se trouve à Port-au-Prince, entre les mains des acteurs politiques. Sans une gouvernance crédible, inclusive et débarrassée des compromissions, cette force risque de ne devenir qu’un énième chapitre dans la longue liste des interventions étrangères sans lendemain.

Haïti n’a plus le droit à l’échec. La résolution de l’ONU est une victoire diplomatique. Mais le vrai combat commence maintenant : celui de la souveraineté retrouvée, de la fin des connivences avec les criminels, et de la reconstruction d’un État capable de protéger ses citoyens.

By Tanes DESULMA

Tanes DESULMA, Rédacteur en chef d’Alternance-Media, je suis diplômé en journalisme de l’ICORP et en droit public de l’École de Droit de La Sorbonne. Passionné par l’information et la justice, je m’efforce de proposer un journalisme rigoureux et engagé.

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