Alors que le mandat de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) expire dans deuxjours, l’avenir d’Haïti se joue une fois de plus dans les couloirs de New York. Les États-Unis et le Panama pressent le Conseil de sécurité d’adopter une résolution créant une Force spéciale de suppression des gangs (FSG), plus robuste et offensive que l’actuelle mission. Mais la Russie brandit son veto, accusant Washington de vouloir instrumentaliser le drame haïtien pour en découdre avec Caracas, Analyse, dans sa chronique, Ralph Siméon, éditorialiste politique d’« ALTERNANCE MÉDIA « .
Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, n’a pas mâché ses mots : les tensions croissantes entre les États-Unis et le Venezuela, marquées par la présence de navires de guerre américains dans les Caraïbes et des frappes mortelles contre des embarcations vénézuéliennes, suffisent, selon lui, à faire planer le risque d’une dérive. « Certains acteurs créatifs », a-t-il ironisé, pourraient utiliser le mandat onusien destiné à Haïti pour légitimer une intervention contre le régime chaviste.
Résultat : la résolution est à l’arrêt, une troisième version du texte ayant été bloquée par Moscou et Pékin. Pendant ce temps, l’horloge tourne, et chaque jour d’indécision profite aux gangs qui étranglent Port-au-Prince et étendent leur contrôle.
À la tribune de l’ONU, le président du Conseil présidentiel de transition, Laurent Saint-Cyr, a lancé un cri d’alarme : l’Haïti en flammes n’a pas vocation à servir de monnaie d’échange dans le jeu des puissances. « Chaque jour d’indécision profite aux groupes criminels », a-t-il martelé.
Mais au Conseil de sécurité, la géopolitique l’emporte sur l’urgence humanitaire. Entre un veto russe, un calcul chinois et les intérêts stratégiques américains, Haïti risque de rester prisonnière d’un affrontement qui n’est pas le sien. Le pays n’a pas le luxe d’attendre que les grandes puissances règlent leurs comptes : pendant ce temps, c’est une nation entière qui s’enfonce dans le chaos.