De l’ Artibonite à l’Ouest en passant par le Centre, des années 2015 à nos jours, la criminalité des gangs , un phénomène national, qui pousse de nombreux établissements à fermer leurs portes et avec pour Corollaire, les quelques rares établissements qui résistent encore , sont obligés d’entasser plus de six fois l’effectif prévu dans des infrastructures inadaptées pour créer de la place pour des élèves en quête de l’ Instruction, observe dans une « enquête choque » Willy DESULMA, Normalien, économiste et directeur adjoint de la rédaction d’ « ALTERNANCE MÉDIA «
La crise sécuritaire qui gangrène Port-au-Prince ne cesse de perturber le quotidien des Haïtiens, et l’un des secteurs les plus touchés reste sans conteste l’éducation. Des écoles publiques comme privées sont contraintes de fermer leurs portes ou de fonctionner à temps partiel. D’autres sont relocalisées dans des espaces temporaires, souvent mal adaptés à la mission éducative.
« Nous n’avons pas le choix, c’est ça ou rien », confie un professeur du Lycée de Carrefour-Feuilles, déplacé après les violences qui ont touché son quartier. Selon plusieurs témoignages recueillis par notre rédaction, les lycées de la zone métropolitaine ne fonctionnent que deux à trois jours par semaine. Quant aux enseignants, ils assurent à peine deux heures de cours hebdomadaires, loin des 12 à 18 heures prévues dans leurs contrats.
Dans ce contexte, les élèves veulent pourtant continuer à apprendre. À quelques mois des examens officiels, dont le baccalauréat, l’inquiétude grandit. « Les enfants veulent passer en classe supérieure, mais comment s’y préparer dans ces conditions ? », interroge un responsable du Lycée de Pétion-Ville, qui héberge aujourd’hui plus de 6 000 élèves chaque semaine. L’établissement, conçu pour en accueillir moins de 1 000, absorbe temporairement les effectifs de plusieurs autres lycées comme ceux de Carrefour-Feuilles et de Toussaint Louverture.
Cette situation pose de sérieux défis logistiques, mais surtout pédagogiques. Le non-respect des filières du nouveau secondaire en est un exemple frappant. Faute de salles disponibles, les élèves de séries scientifiques (SMP, SVT, SES) suivent parfois les mêmes cours, réunis dans une seule salle, comme dans un tronc commun universitaire. Or, les examens qui les attendent sont spécifiques, avec des approches et pondérations différentes. Ce désordre pédagogique inquiète enseignants, élèves et parents.
Un ministère silencieux et des solutions à envisager
Alors que le système scolaire tangue, le Ministère de l’Éducation Nationale est accusé d’inaction. Une carte de débit promise aux enseignants du secteur public depuis février 2025 reste toujours bloquée. « Elle est en route », affirment les autorités… trois mois plus tard. Ce manque de réactivité alimente la frustration dans les salles de classe, et affaiblit encore plus le moral des enseignants déjà précarisés.
Pourtant, l’éducation reste une priorité nationale. Comme l’a souligné Nelson Mandela : « L’éducation est l’arme la plus puissante qu’on puisse utiliser pour changer le monde. » Dans une société à la dérive, elle devrait être protégée, financée, valorisée. Il est urgent de relocaliser les établissements dans des zones plus sûres, de garantir un accompagnement psychopédagogique aux élèves et de rétablir les conditions de travail des enseignants. L’école ne peut plus être le dernier maillon. Elle doit redevenir la clé de l’avenir.