L’Université d’État d’Haïti (UEH) traverse une crise profonde qui soulève de nombreuses interrogations sur son avenir et son rôle dans la société. Alors qu’elle devrait être un modèle de gouvernance démocratique et un repère pour la jeunesse, elle se retrouve paralysée par des luttes internes et des jeux d’influence. Le processus électoral visant à renouveler le Conseil exécutif de l’UEH, qui aurait dû se tenir avant août 2024, est marqué par des reports successifs, renforçant les soupçons de manœuvres visant à favoriser certains candidats. Cette situation reflète les difficultés structurelles de l’université et met en lumière des pratiques qui s’éloignent des principes de transparence et de justice.
Habituellement, le Conseil universitaire est composé de 33 membres, soit un doyen, un professeur et un étudiant par faculté, représentant ainsi 11 entités. L’élection initialement prévue le 9 janvier 2025 a été reportée au 16 janvier en raison d’un manque de quorum, puis de nouveau annulée. Pour valider le scrutin, la présence d’au moins 24 membres était requise, mais seulement 22 étaient présents lors de la première convocation et 20 lors de la seconde. Parmi les absents figuraient les deux représentants de la Faculté d’Odontologie, une absence qui a empêché la tenue du vote. Certains observateurs dénoncent des stratégies délibérées destinées à bloquer le processus et à affaiblir certains candidats. Ce blocage semble profiter à Fritz Dezhommes, qui souhaiterait continuer à diriger l’UEH de fait et annuler le processus électoral afin de faciliter la candidature d’une personne plus proche de lui, notamment le doyen de la FAMV.

À la tête de l’UEH, la rivalité entre les principaux représentants de l’université s’accentue, en particulier entre Jean Poincy et Fritz Dezhommes, une mésentente qui n’est pas sans conséquence sur le processus électoral. Les désaccords entre ces deux figures marquent profondément l’avenir de l’institution et influencent les choix stratégiques en cours. Poincy, qui avait été clair sur sa volonté de mettre fin à la question des doublons à l’UEH, semble aujourd’hui nuancer sa position. Lors de discussions avec les représentants des étudiants, il a laissé entendre qu’une modification était possible, notamment en acceptant que les étudiants en troisième et quatrième année puissent être inscrits simultanément dans deux facultés. Ce revirement soulève des questions sur ses réelles intentions.Toutefois, dans un contexte aussi tendu, chaque position adoptée par les candidats est perçue comme une stratégie politique. Pendant ce temps, des candidats comme Predelus Dieuseul, qui semblaient en bonne position pour l’emporter, voient leurs chances compromises par les manœuvres en cours. La méfiance s’installe et laisse place à une instabilité institutionnelle qui nuit à l’image de l’université.
Au-delà du simple cadre universitaire, cette crise électorale illustre les dérives qui caractérisent la gestion des institutions en Haïti. Si même l’UEH, censée être un bastion du savoir et de l’éthique, peine à organiser un scrutin en toute transparence, que peut-on espérer pour les autres secteurs du pays ? L’université devrait être un modèle pour la société, un espace de réflexion et de transformation. Pourtant, elle se retrouve piégée dans les mêmes logiques de pouvoir et d’intrigues que le reste du pays. Cette situation interpelle et pose une question fondamentale : l’UEH peut-elle encore jouer son rôle de pilier intellectuel et démocratique dans un pays où l’instabilité et la crise semblent s’éterniser ?
Questions ouvertes :
- Quels sont les véritables enjeux derrière le blocage du processus électoral à l’UEH, et en quoi la rivalité entre Jean Poincy et Fritz Dezhommes influence-t-elle la stabilité de l’institution ?
- L’absence des représentants de la Faculté d’Odontologie lors de la seconde convocation était-elle un simple hasard ou une stratégie délibérée pour saboter le processus électoral ?
- Pourquoi Jean Poincy semble-t-il modifier sa position sur la question des doublons à l’UEH, et cette évolution répond-elle à une stratégie personnelle où enquêtes d’un consensus?
- Comment la candidature du doyen de la FAMV et la prolongation de l’influence de Fritz Dezhommes pourraient-elles affecter l’avenir de l’UEH et la confiance des étudiants et professeurs envers l’institution ?
