La démission du Premier ministre Sébastien Lecornu, moins d’un mois après sa nomination à Matignon, a fait l’effet d’un coup de tonnerre sur la scène politique française. Ce départ précipité plonge l’exécutif dans une crise sans précédent et relance deux scénarios explosifs : une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale, ou, plus radicalement, la démission du président de la République, Emmanuel Macron.
Un chef de l’État isolé
Longtemps confinés aux rangs des extrêmes, les appels au départ d’Emmanuel Macron se sont considérablement élargis depuis dimanche soir. Désormais, des responsables politiques de tous bords réclament la fin anticipée de son mandat.
Hervé Morin, président de la région Normandie et ancien ministre centriste, n’a pas mâché ses mots : « La composition de ce gouvernement est insultante. La seule issue est la démission du président de la République suivie d’une élection présidentielle. »
David Lisnard, maire LR de Cannes et vice-président de son parti Nouvelle Énergie, est allé plus loin lundi matin, estimant que « la démission d’Emmanuel Macron est la seule solution dans l’intérêt de la France ». Jean-François Copé, autre figure de la droite, avait déjà ouvert la brèche en s’exprimant dans les colonnes du Figaro.
La droite se fracture
Si une partie des Républicains réclame clairement la fin du mandat présidentiel, d’autres responsables restent plus prudents. Bruno Retailleau et François-Xavier Bellamy n’appellent pas à la démission, mais préfèrent envisager de nouvelles législatives anticipées. Cette ligne plus institutionnelle peine toutefois à calmer une base militante exaspérée par les multiples crises politiques.
L’extrême droite en embuscade
Du côté du Rassemblement national, la ligne est désormais claire : dissolution ou démission. Jordan Bardella a été le premier, en août dernier, à évoquer la possibilité d’une démission de Macron. Depuis, Marine Le Pen répète qu’un départ du chef de l’État serait une décision « sage ». Éric Ciotti, allié du RN, parle lui aussi de « seule solution », tandis qu’Éric Zemmour (Reconquête!) réclame « une nouvelle présidentielle pour débloquer le pays ».
La gauche radicale en offensive
À gauche, la France insoumise se montre fidèle à sa ligne dure. Jean-Luc Mélenchon a réclamé l’examen immédiat de la motion de destitution déposée dès août 2024 par 104 députés. Mathilde Panot, Manuel Bompard et d’autres figures du mouvement reprennent en chœur cet appel au départ du président. Pour LFI, l’affaire est claire : le pays ne peut plus être gouverné par Emmanuel Macron.
Les marchés financiers sanctionnent
L’instabilité politique n’a pas tardé à inquiéter les milieux économiques. Dès l’annonce de la démission de Sébastien Lecornu, le CAC 40 a chuté de plus de 2 % ce lundi 6 octobre 2025. Une réaction brutale qui illustre l’incertitude des investisseurs face à un pouvoir affaibli et des institutions fragilisées.
Un moment critique pour la Ve République
Jamais sous la Ve République un président en exercice n’avait fait face à une telle accumulation d’appels à la démission. Emmanuel Macron, isolé, se retrouve dans une impasse :
Dissoudre à nouveau l’Assemblée, au risque d’un nouvel échec. Se maintenir en dépit de la contestation, et apparaître comme un président affaibli. Ou franchir le pas historique d’une démission, ouvrant la voie à une présidentielle anticipée.
Quelle que soit l’issue, cette crise consacre l’entrée de la France dans une période d’incertitude politique et institutionnelle dont nul ne peut prédire l’issue.