Une opération policière d’une ampleur sans précédent a transformé le nord de Rio de Janeiro en champ de bataille. Selon le dernier bilan officiel communiqué ce mercredi, au moins 132 personnes ont été tuées, dont quatre agents des forces de l’ordre, lors d’une intervention massive contre le narcotrafic menée la veille dans les favelas du Complexo da Penha et du Complexo do Alemão, proches de l’aéroport international de la métropole brésilienne.

Une démonstration de force inédite

Pas moins de 2 500 agents, appuyés par des hélicoptères, 32 blindés et même des drones, ont été déployés. La police affirme avoir arrêté 81 suspects et saisi 42 fusils ainsi qu’«une grande quantité de drogue». Des mandats d’arrêt visaient aussi des trafiquants venus d’autres États brésiliens.

Le gouverneur de Rio, Cláudio Castro, a salué «la plus grande opération de l’histoire» de son État, tout en présentant l’action comme une réponse au Comando Vermelho (Commando rouge), l’une des plus puissantes factions criminelles du Brésil.

Un « théâtre de guerre et de barbarie »

Dans les ruelles des favelas, les affrontements ont laissé place à un décor de chaos. Des témoins ont décrit de longues colonnes de fumée et des rafales incessantes de tirs. Un photographe de l’AFP a observé des policiers emmenant plusieurs hommes torse nu, pieds nus, dans la favela de Vila Cruzeiro.

Le président Luiz Inácio Lula da Silva, visiblement choqué par l’ampleur du bilan, a déclaré être «sidéré» par ce qu’il a qualifié de barbarie.

Des brésiliens arrêtés dans des Farvélas

Efficacité contestée

Les opérations sanglantes dans les favelas sont fréquentes à Rio, mais leur efficacité est régulièrement mise en doute. La Cour suprême du Brésil avait tenté d’encadrer ces interventions dès 2020 en limitant l’usage des hélicoptères et en protégeant les zones proches des écoles et hôpitaux. Mais ces restrictions ont été levées en 2025, ouvrant la voie à une reprise des opérations à grande échelle.

Selon les chiffres officiels, environ 700 personnes ont été tuées en 2024 lors d’opérations de police dans l’État de Rio, soit près de deux par jour.

Pour la commission des droits humains de l’Assemblée législative, la stratégie actuelle ne fait qu’«aggraver la spirale de violence» et transformer les favelas en zones de guerre permanentes.

Un tournant dramatique

L’opération du 28 octobre 2025 restera dans l’histoire comme la plus meurtrière jamais menée à Rio. Si les autorités locales la présentent comme un succès contre le narcoterrorisme, les organisations de défense des droits humains redoutent qu’elle ne marque au contraire une escalade sans précédent de la violence entre l’État et les groupes armés.

By Tanes DESULMA

Tanes DESULMA, Rédacteur en chef d’Alternance-Media, je suis diplômé en journalisme de l’ICORP et en droit public de l’École de Droit de La Sorbonne. Passionné par l’information et la justice, je m’efforce de proposer un journalisme rigoureux et engagé.

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