Paris, 8 septembre 2025 – Sans surprise, mais avec gravité, le gouvernement de François Bayrou a été renversé lundi à l’Assemblée nationale. Sur 573 votants, 364 députés se sont prononcés contre, contre seulement 194 en faveur. Ce résultat, attendu depuis plusieurs jours, marque la fin de neuf mois passés à Matignon par le leader centriste, nommé en urgence par Emmanuel Macron en décembre dernier pour tenter de sauver une majorité introuvable.

Un vote de confiance fatal

François Bayrou avait choisi d’engager sa responsabilité, via l’article 49 alinéa 1 de la Constitution, lors de sa déclaration de politique générale. Dans son discours, il avait alerté sur « le pronostic vital de la France », citant une dette insoutenable et une économie en danger. « Vous avez le pouvoir de renverser le gouvernement, mais pas d’effacer le réel », avait-il lancé, conscient de son isolement.

Mais l’avertissement n’a pas suffi : la sanction parlementaire est tombée. Bayrou a annoncé qu’il remettrait sa démission dès mardi matin au président de la République, Emmanuel Macron. « Ces mois furent pour moi un profond bonheur, et je veux prendre date pour l’avenir », a-t-il ajouté, esquissant déjà son rôle futur comme conseiller de l’ombre.

Une opposition revigorée

À gauche, l’heure était au soulagement. « C’est une journée historique », s’est exclamée Mathilde Panot (LFI), tandis que Jean-Luc Mélenchon a accusé le président d’être « le seul responsable du chaos » et exigé son départ. La gauche prévoit dès demain de déposer une motion de destitution contre Emmanuel Macron, portée notamment par la députée écologiste Clémence Gaïté.

Marine Le Pen, de son côté, a dénoncé « la politique fiscale et migratoire folle » du gouvernement et réclamé des élections anticipées. Les Républicains, eux, rejettent toute idée d’un Premier ministre issu de la gauche, accentuant encore la paralysie institutionnelle.

Macron face à ses responsabilités

Pour Emmanuel Macron, les options sont désormais limitées. Conformément à la Constitution, le chef de l’État doit soit nommer un nouveau Premier ministre, soit dissoudre l’Assemblée nationale. En attendant, les ministres démissionnaires devraient assurer les affaires courantes.

Mais l’équation est insoluble : aucune majorité claire ne se dessine. Les noms de Sébastien Lecornu, Gérald Darmanin, Catherine Vautrin, voire Pierre Moscovici circulent comme successeurs potentiels, sans qu’aucun ne rassemble de consensus.

Une Ve République sous tension

Il s’agit de la troisième fois seulement sous la Ve République qu’un Premier ministre est renversé lors d’un vote de confiance. L’épisode illustre la crise de gouvernabilité qui mine la France depuis les législatives fragmentées de 2024. Ni Élisabeth Borne, ni Gabriel Attal, ni François Bayrou n’auront réussi à stabiliser l’exécutif.

L’incertitude est désormais totale. La France entre dans une zone de turbulences où se jouent à la fois l’avenir du macronisme, la cohésion républicaine et la crédibilité des institutions. Pour certains, l’alternance est devenue une nécessité plus qu’une option.

By Ralph Siméon

Ralph SIMÉON- journaliste engagé, animateur et entrepreneur. J'ai fait mes premiers pas à Radio Haïti Inter, média emblématique et référence nationale. En France, j'ai cofondé Haïti Tribune avant de rejoindre le service créole de Radio France Internationale ( RFI). Mon parcours incarne un engament constant en faveur de l'information , du lien social et de la valorisation d' Haïti sur la scène internationale.