À partir du 1er novembre 2025, les États-Unis imposent une humiliation de plus à Haïti : toutes les demandes de visas de résidence seront traitées exclusivement à Nassau, aux Bahamas. Comme si l’ambassade américaine de Port-au-Prince n’existait plus. Comme si l’État haïtien n’était qu’une fiction qu’on pouvait contourner à sa guise, explique, dans sa chronique , Ralph Siméon, éditorialiste à « ALTERNANCE MÉDIA « ….,
Mais à peine l’annonce faite, le Premier ministre bahaméen Philip Davis claque la porte : aucun Haïtien ne pourra entrer aux Bahamas pour récupérer un visa américain. Autrement dit, Washington délocalise les procédures, Nassau les interdit, et Haïti reste spectateur de son propre effacement.
Le silence du ministère des Affaires étrangères dans ce dossier est assourdissant. Pourquoi aucune négociation tripartite ? Pourquoi aucune pression sur la CARICOM, dont Haïti est membre à part entière ? Pourquoi ce manque de courage à défendre la dignité nationale ?
Haïti a été pris de court car, dans les faits, sa diplomatie ne pèse plus. Elle est marginalisée à l’international, affaiblie par des nominations politiques clientélistes, incapable de mobiliser ses alliés régionaux.
L’humiliation ne vient pas seulement des États-Unis et des Bahamas. Elle vient aussi de la CARICOM elle-même. Bien que les Haïtiens possèdent un passeport estampillé « Communauté caribéenne ». En théorie, il devrait ouvrir les portes de la libre circulation dans l’espace régional. En pratique, il reste un leurre.
La Jamaïque, la Barbade, Trinidad & Tobago, Antigua, Sainte-Lucie, les Bahamas et d’autres encore exigent toujours un visa préalable aux Haïtiens.
Dans plusieurs aéroports caribéens, les voyageurs haïtiens sont systématiquement humiliés, suspectés, discriminés.
La promesse d’une citoyenneté régionale se brise dès qu’il s’agit d’Haïti : le pays est membre de la communauté, mais ses citoyens en sont exclus.
Autrement dit : Haïti paie pour un club où il n’a pas les mêmes droits que les autres membres.
Aujourd’hui Haïti doit dire stop
Stop à l’humiliation américaine : imposer Nassau comme point de chute consulaire, c’est traiter Haïti comme une colonie sans ambassade digne de ce nom.
Stop au mépris bahaméen : refuser d’accueillir les Haïtiens pour un visa américain, c’est les considérer comme un peuple à tenir hors du territoire, même pour une simple démarche administrative.
Stop à la trahison caribéenne : CARICOM ne peut pas continuer à brandir les idéaux d’intégration tout en reléguant Haïti à un statut de membre de seconde zone.
Haïti doit dire stop, non pas par orgueil, mais par nécessité vitale. Il est temps de :
Réévaluer ses relations avec les États-Unis, qui n’apportent ni sécurité ni développement, mais multiplient les mesures de marginalisation.
Exiger de la CARICOM la réciprocité des droits promis par le passeport communautaire, ou geler sa participation à une organisation qui entretient une inégalité structurelle.
Diversifier ses alliances en se tournant vers l’Afrique, l’Asie, et l’Amérique latine, plutôt que de rester prisonnier d’un carcan qui nie sa dignité.
L’affaire des visas n’est pas un simple problème administratif. C’est le révélateur d’un système d’exclusion qui frappe Haïti depuis Washington jusqu’aux capitales caribéennes. Face à cette spirale d’humiliation, Haïti doit dire stop. Stop aux diktats, stop au mépris, stop à la marginalisation. Dire stop, c’est affirmer notre droit d’exister pleinement comme peuple et comme nation souveraine.