La nomination de Sébastien Lecornu à Matignon, confirmée ce 9 septembre par l’Élysée, résonne comme un acte d’entêtement présidentiel plutôt qu’un choix de rassemblement. À 39 ans, l’ancien ministre des Armées devient l’un des plus jeunes Premiers ministres de la Ve République, derrière Gabriel Attal nommé à 34 ans. Mais au-delà de son âge et de son parcours, sa désignation symbolise une France bloquée, où la fidélité au chef de l’État prend le pas sur l’urgence nationale, observe, dans sa chronique, Ralph Siméon, éditorialiste politique à « ALTERNANCE MÉDIA «
Un fidèle parmi les fidèles
Depuis 2017, Sébastien Lecornu a traversé tous les gouvernements Macron. Secrétaire d’État auprès de Nicolas Hulot à la Transition écologique, ministre des Collectivités territoriales, de l’Outre-mer, puis ministre des Armées, il a toujours été présent dans les moments difficiles. C’est cette loyauté sans faille qui lui vaut aujourd’hui la confiance d’Emmanuel Macron.
Pour le président, Lecornu incarne la continuité. Mais pour l’opinion, il risque surtout de symboliser un verrouillage : celui d’un pouvoir incapable de s’ouvrir à une coalition, malgré la crise profonde que traverse le pays.
Un contexte de crise inédite
La chute de François Bayrou, renversé par une large motion de censure (364 voix contre 209), a mis en lumière l’impasse politique. Emmanuel Macron devait agir vite : la Constitution impose au gouvernement de déposer un budget au Parlement, qui dispose ensuite de 70 jours pour l’examiner. Dans ce calendrier serré, tout retard menace la stabilité institutionnelle.
En nommant Lecornu, Macron parie sur l’expérience technique et la discipline, mais il ne répond pas à l’exigence de compromis. Car sans majorité solide à l’Assemblée, le nouveau Premier ministre s’apprête à gouverner sous la menace permanente d’un nouveau vote de censure.
Fidélité contre rassemblement
La question centrale demeure : Emmanuel Macron est-il encore à la hauteur des enjeux du moment ? Fidélité, loyauté, discipline, autant de qualités qui définissent Sébastien Lecornu. Mais aucune d’elles ne garantit la capacité à bâtir un consensus dans une France fracturée, où la colère sociale et la défiance politique atteignent un niveau inédit.
En s’entêtant à privilégier ses fidèles, Macron s’enferme dans une logique de bunker. Pendant ce temps, la France s’enlise dans l’incertitude.