À la troisième Conférence de la Table Sectorielle sur la Sécurité (TSS), le Directeur général du Ministère de la Défense, ancien policier et juriste, a présenté six pistes concrètes pour refonder la Police Nationale d’Haïti.

— À l’occasion de la troisième Conférence de la Table Sectorielle sur la Sécurité (TSS), tenue le vendredi 27 juin 2025 à l’hôtel Kinam, le Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (CARDH) a rassemblé plusieurs dizaines de personnalités issues des institutions de l’État, de la société civile, du monde académique et du secteur international. Cette rencontre s’est tenue sous le thème : « Trois décennies de la Police Nationale d’Haïti : défis, réalisations et perspectives ».

Trente ans après la création de la Police Nationale d’Haïti (PNH), cette conférence a servi de plateforme de réflexion critique sur le parcours de l’institution, mais aussi sur les profondes failles du système sécuritaire haïtien. Dans un climat d’extrême violence, marqué par la montée en puissance des groupes armés et l’effondrement de l’État, la nécessité d’une refondation en profondeur est apparue comme une urgence nationale.

Parmi les interventions les plus attendues de la journée, celle de Me Jean Ronel Sistanis, Directeur général du Ministère de la Défense, n’est pas passée inaperçue. Avocat, doctorant en droit international public et ancien officier de police, Sistanis a livré un discours structuré, clair et ambitieux autour de six propositions fondamentales pour transformer durablement la PNH.


🛡️ Les six propositions de Jean Ronel Sistanis :

  1. Professionnaliser la PNH et renforcer la formation
    Sistanis insiste sur la nécessité d’un encadrement professionnel constant, centré sur la maîtrise des lois, l’éthique policière et la communication. La formation initiale et continue des agents doit devenir une priorité absolue.
  2. Allouer des ressources suffisantes et adaptées
    Une police sans moyens ne peut pas remplir ses missions. Il appelle à une dotation en équipements modernes, en infrastructures fonctionnelles et en ressources humaines stables et compétentes.
  3. Instaurer un contrôle civil indépendant
    Pour que la PNH reste au service de la population et de l’État de droit, un mécanisme de surveillance externe doit être mis en place, garantissant la transparence et la redevabilité de ses actions.
  4. Renforcer la capacité de gestion des crises
    La PNH doit être outillée pour anticiper, contenir et gérer les situations d’urgence, qu’il s’agisse de catastrophes, de troubles sociaux ou de menaces criminelles, tout en respectant la proportionnalité de la force.
  5. Promouvoir les partenariats avec les acteurs locaux
    La sécurité ne peut se construire sans les communautés. Sistanis plaide pour une collaboration étroite entre la police, les collectivités locales, les organisations de la société civile et la population.
  6. Encourager l’innovation et l’adaptabilité
    Enfin, dans un monde en constante évolution, la PNH doit s’adapter aux nouvelles formes de criminalité (cybercriminalité, terrorisme, criminalité transnationale) par des stratégies innovantes et des outils modernes.

🧭 Une vision républicaine de la sécurité

Jean Ronel Sistanis a conclu son intervention en rappelant que la sécurité ne doit pas être militarisée ni politisée, mais construite sur la base de la loi, de la confiance citoyenne et du respect des droits humains. Il appelle à un engagement collectif autour d’une nouvelle doctrine sécuritaire, plus inclusive, plus rationnelle, et plus humaine.

Pour sa part, le CARDH, à travers la Table Sectorielle sur la Sécurité, affirme sa volonté de poursuivre ce dialogue intersectoriel et citoyen, indispensable à la refondation de la sécurité publique en Haïti.

« Nous ne pouvons plus penser la sécurité uniquement comme une réponse armée. Elle doit être pensée comme un projet social, politique et institutionnel », a conclu Me Angello Samuel Pierre, coordonnateur de la TSS.

By Tanes DESULMA

Tanes DESULMA, Rédacteur en chef d’Alternance-Media, je suis diplômé en journalisme de l’ICORP et en droit public de l’École de Droit de La Sorbonne. Passionné par l’information et la justice, je m’efforce de proposer un journalisme rigoureux et engagé.