Alors que beaucoup redoutaient un veto de la Russie ou de la Chine, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté, ce mardi, une résolution historique transformant la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) en Force de répression des gangs (FRG).
Le texte, présenté par les États-Unis et le Panama, a obtenu 12 voix pour, aucune contre et 3 abstentions, celles de la Chine, de la Russie et du Pakistan. Cette adoption marque une surprise diplomatique, quelques jours après les signaux envoyés par Moscou laissant planer la menace d’un blocage.
Une force robuste et dotée de pouvoirs d’arrestation
La nouvelle force sera composée de jusqu’à 5 500 personnels, incluant des policiers, des militaires et des civils. Elle sera déployée pour une durée initiale de 12 mois. Contrairement à la MMAS, la FRG aura l’autorité d’opérer de façon indépendante, tout en travaillant de concert avec la Police nationale d’Haïti (PNH). Elle disposera en outre de pouvoirs d’arrestation, une évolution significative de son mandat.
Son financement reposera sur des contributions volontaires des États membres, un mécanisme qui pourrait à terme soulever la question de la régularité et de la pérennité des ressources disponibles.
La création d’un Bureau d’appui des Nations unies en Haïti
Au point 10 de la résolution, le Conseil de sécurité a approuvé la recommandation du Secrétaire général en créant le Bureau d’appui des Nations unies en Haïti (BANUH).
Sa mission : fournir un soutien logistique et opérationnel complet à la FRG, mais aussi au BINUH, à la PNH et aux Forces armées d’Haïti dans le cadre d’opérations conjointes. Le BANUH devra assumer, dans un délai de six mois, la pleine responsabilité du soutien logistique de la FRG et apportera également un appui technique à l’Organisation des États américains (OEA).
Une surprise géopolitique
Quelques heures avant le vote, de nombreux observateurs redoutaient que les tensions entre grandes puissances, exacerbées par la guerre en Ukraine et les rivalités stratégiques ne compromettent la résolution. Finalement, Moscou et Pékin ont choisi l’abstention plutôt que le veto, ouvrant la voie à un consensus élargi autour de la nécessité d’agir face à la crise haïtienne.
Reste à savoir si cette nouvelle architecture onusienne, une force de répression des gangs dotée de moyens coercitifs et un bureau d’appui chargé de la logistique, saura répondre aux attentes d’une population haïtienne exaspérée par la violence et les dérives institutionnelles.