Pendant que des familles haïtiennes envoient chaque mois quelques dollars pour nourrir leurs proches, une autre frange de la diaspora choisit d’empoisonner le pays. Depuis Miami, Orlando, Brooklyn ou Indianapolis, des ressortissants haïtiens organisent le trafic d’armes et de munitions qui inondent les gangs. Ces diasporas criminelles portent une responsabilité directe dans l’embrasement d’Haïti. Contrairement aux jeunes sans avenir enrôlés de force dans les bidonvilles, ces trafiquants vivaient dans la stabilité et ont fait le choix conscient de détruire leur terre natale. Leur culpabilité est plus lourde encore que celle des chefs de gangs.
Un trafic nourri par la diaspora
Des conteneurs remplis de fusils d’assaut, des armes dissimulées dans des voitures, des cargaisons de munitions cachées dans des barils de nourriture : voilà la réalité d’un trafic que les autorités américaines et dominicaines démantèlent régulièrement. Ces armes, venues en majorité de Floride et de New York, sont destinées aux gangs haïtiens, qui s’en servent pour contrôler des quartiers, terroriser la population et défier la Police nationale d’Haïti (PNH).
– Saisies récentes en République dominicaine
- 24 février 2025, port de Haina : 37 armes interceptées dans un conteneur en provenance de Brooklyn.
- 5 mars 2025, même port : 23 armes (dont 17 fusils de guerre et un Uzi), 36 000 cartouches et des silencieux, dans un conteneur venant de Miami.
Preuve que la République dominicaine est devenue une plaque tournante du transit d’armes destinées à Haïti.
États-Unis : des condamnations en série
Ces dernières années, les tribunaux fédéraux américains ont jugé une série de dossiers impliquant des membres de la diaspora.
– Quelques noms et peines lourdes
- Joly Germine, alias “Yonyon” (chef de 400 Mawozo) : 35 ans de prison, juin 2024.
- Eliande Tunis : 12 ans et demi de prison, juin 2024.
- Jocelyn Dor : 5 ans de prison, février 2024.
- Walder St. Louis : 3 ans de prison.
- Jean Wiltene Eugene : 30 mois de prison + 20 000 $ d’amende, juillet 2025.
- Samuel Pierre et Reginald Louis Chosson : inculpés pour conspiration, procès en cours.
- Williamson Dossous : arrêté en juillet 2025, affaire en cours.
- Bazile Richardson : arrêté au Texas en août 2025 pour avoir levé des fonds et acheté des armes au profit de Jimmy “Barbecue” Chérizier.
Ces condamnations ne sont pas de simples faits divers : elles confirment l’existence de réseaux puissants, financés et structurés depuis la diaspora.
Une responsabilité aggravée
Il est indéniable que des coalitions comme Viv Ansanm ensanglantent Haïti. Mais sans la diaspora criminelle, ces groupes n’auraient jamais eu une telle puissance de feu.
Les jeunes enrôlés dans les ghettos le sont souvent faute de travail, par survie. Les diasporas trafiquantes, elles, bénéficiaient de stabilité et d’opportunités à l’étranger. Elles ont choisi la criminalité par intérêt.
Leur responsabilité est donc plus lourde que celle des chefs de gangs : ce sont elles qui fournissent les armes de guerre qui tuent policiers, civils et enfants.
– Ce que la PNH doit exiger
- Une coopération judiciaire renforcée avec le DOJ et l’ATF pour identifier tous les réseaux.
- L’accès aux manifestes de fret et aux numéros de série des armes saisies.
- La communication des bénéficiaires en Haïti de ces cargaisons.
Sans cela, le trafic restera le carburant de la machine infernale des gangs.
Haïti ne sera jamais pacifié tant que l’on pointera uniquement les gangs locaux. Derrière chaque fusil qui crache la mort à Port-au-Prince, il y a un complice bien installé dans la diaspora, aux États-Unis ou ailleurs, qui l’a acheté et expédié.
Ces trafiquants ne méritent ni excuses ni indulgence : ils ont trahi leur terre natale en échange de dollars sales. Ils ne sont pas seulement complices du chaos, ils en sont les architectes silencieux.