Par Ralph Siméon, journaliste indépendant

La nomination d’André Jonas Vladimir Paraison à la tête de la Police nationale d’Haïti (PNH) vient relancer le débat sur l’ingérence américaine dans les affaires internes du pays. Installé officiellement par le coordonnateur du Conseil présidentiel de transition (CPT), Laurent Saint-Cyr, après confirmation en Conseil des ministres, le nouveau directeur général a pourtant vu sa désignation contestée en coulisses par Washington.

Selon plusieurs sources concordantes, les autorités américaines auraient exprimé un refus net face à son choix. Si, pour l’heure, M. Paraison occupe toujours le poste, la question demeure : combien de temps pourra-t-il y rester si les pressions diplomatiques persistent ?

Dans son entourage immédiat, plusieurs changements stratégiques ont été actés ce week-end : l’Inspecteur général (IG) Berson Soljour devient directeur de cabinet du DG, l’IG Jacques Joël Orival prend la direction centrale de la police administrative (DCPA), et l’IG Alain Auguste hérite de la direction centrale de l’administration et des services généraux (DCASG).

Mais alors que cette réorganisation interne semblait sceller une nouvelle étape pour l’institution policière, un fait troublant est survenu : le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé et le coordonnateur du CPT ont été convoqués par l’ambassade américaine. Motif officiel ? Aucun communiqué n’a été publié. Motif officieux, selon une source proche du CPT : M. Paraison ne figurait pas sur la liste des « candidats acceptables » pour Washington.

Une souveraineté en sursis
Cet épisode confirme, une fois de plus, que la PNH reste sous la coupe réglée des États-Unis. Depuis sa création en 1995 avec un fort appui international, l’institution peine à se libérer de cette influence. Les nominations stratégiques au sommet semblent devoir obtenir, implicitement ou explicitement, un feu vert étranger.

La question reste entière : jusqu’à quand la sécurité publique d’Haïti sera-t-elle un dossier géré sous tutelle diplomatique, et pour quels résultats tangibles après trois décennies d’assistance ?