Saut-d’Eau (Centre), 16 juillet 2025 – Symbole de spiritualité, de culture et de tourisme, la commune de Saut-d’Eau est aujourd’hui le miroir d’un État haïtien à l’agonie. Jadis sanctuaire où la cascade majestueuse accueillait pèlerins et visiteurs du monde entier, le site est désormais contrôlé par une coalition armée. Là où résonnaient des chants religieux et des prières, ce sont aujourd’hui les rafales de fusils et les slogans guerriers qui dominent.
Ce mercredi 16 juillet, lors de la fête patronale de Notre-Dame-du- Mont Carmel, ce ne sont ni les autorités locales ni le clergé qui ont orchestré l’événement, mais des chefs de gangs du collectif “Viv Ansanm”. Barbecue, Lanmò San Jou, Jeff Gwo Lwa: tous présents, entourés d’hommes lourdement armés, certains portant des uniformes de police. Où est passé l’État haïtien ? Qui protège encore les citoyens ? Qui défend notre patrimoine ?
Un abandon orchestré ou assumé ?
La prise de contrôle de Saut-d’Eau n’est pas un hasard. Les gangs savent ce qu’ils font : ils occupent un lieu symbolique, à la croisée du catholicisme populaire, des traditions vodou et du tourisme. S’installer ici, c’est s’approprier un morceau de l’identité nationale.
Pendant ce temps, l’État brille par son silence. La police, débordée et infiltrée, a reculé. Les autorités gouvernementales ? Absentes. Les figures les plus recherchées par les États-Unis traversent tranquillement des centaines de kilomètres sans être inquiétées. Complicité ? Incompétence ? Ou simple abdication ?
Quand un patrimoine tombe, c’est la nation entière qui vacille
Saut-d’Eau n’est pas seulement une commune : c’est un symbole. Si un site patrimonial, lieu de mémoire et de croyance, peut tomber aux mains de criminels sans provoquer de réaction forte, alors plus rien n’est sacré en Haïti.
La situation doit être un électrochoc : repenser la gouvernance, rétablir l’autorité publique, restaurer la justice et la sécurité. Sinon, c’est la nation entière qui disparaîtra, engloutie sous la loi des armes.
Si nous abandonnons Saut-d’Eau aujourd’hui, que restera-t-il demain de l’idée même d’Haïti ?