Une nouvelle coupure de courant orchestrée depuis Mirebalais plonge une grande partie du pays dans le noir. En toile de fond : promesses trahies, sécurité absente, et un pouvoir central de plus en plus contesté.


❌ Retour à la case départ

La tension est à son comble dans le Plateau Central. Ce dimanche 16 juin 2025, les habitants de Mirebalais ont une nouvelle fois interrompu l’alimentation électrique provenant de la centrale hydroélectrique de Péligre. Résultat : une grande partie de Port-au-Prince et de l’Ouest est à nouveau plongée dans le noir.

À l’origine de ce geste radical, un profond sentiment de trahison. Deux semaines plus tôt, le président du Conseil présidentiel de transition (CPT) annonçait un retour progressif de l’électricité, assorti d’engagements en matière de sécurité. L’annonce faisait suite à une première coupure en mai dernier, qui avait déjà paralysé la capitale.


⚠️ Des engagements qui n’ont pas tenu 10 jours

Pour tenter d’apaiser les tensions, un équipement de sécurité avait été livré à Mirebalais, salué alors comme un « symbole du retour de l’État ». Mais ce symbole n’aura pas tenu longtemps. Huit jours plus tard, le matériel est brûlé par des gangs, sans réaction significative des autorités. La population, désabusée, parle d’un simulacre.

Face à ce qu’elle considère comme une nouvelle trahison, elle choisit de reprendre le contrôle de la seule chose qui lui donne encore du pouvoir : l’électricité. Couper le courant devient une arme. Un cri de protestation. Un appel au respect.


⚡ Péligre : une infrastructure stratégique devenue vulnérable

Située au cœur du pays, la centrale de Péligre alimente une grande partie du réseau national. Elle est vitale pour l’approvisionnement en électricité de plusieurs départements, dont l’Ouest. Pourtant, elle semble aujourd’hui vulnérable à tous les vents : colère populaire, banditisme armé, inaction étatique.

Comment une infrastructure aussi stratégique peut-elle être utilisée comme levier de révolte ? Et surtout, comment expliquer que l’État haïtien soit incapable de la protéger ? Ces questions alimentent une crise de confiance croissante dans l’ensemble du pays.


🔌 Plus qu’un blackout : une rupture de confiance

La colère du Plateau Central ne se limite plus à une revendication locale. Elle met en lumière un mal plus profond : la perte de légitimité de l’État. Ce n’est plus seulement l’électricité qui est coupée, c’est le lien entre le peuple et ses dirigeants.

Les habitants de Mirebalais – comme ceux de Port-au-Prince – n’attendent plus des promesses. Ils réclament des actes, du respect, et un minimum de cohérence. En laissant la centrale de Péligre devenir un champ de bataille, le pouvoir central envoie un message clair : il ne maîtrise plus ses propres symboles.


🕯️ Un pays dans l’ombre… et dans l’attente

En attendant, c’est tout un pays qui vacille. Les hôpitaux fonctionnent au ralenti. Les entreprises sont paralysées. Les familles, plongées dans l’obscurité, redoutent autant la nuit que l’avenir.

Haïti n’a pas seulement besoin de lumière au sens propre. Elle a besoin de clarté politique, de volonté sincère et de sécurité durable. Sans cela, chaque ampoule rallumée sera une illusion de plus.


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📍 Article publié par ALTERNANCE MÉDIA, le 18 juin 2025

By Willy DESULMA

Willy DÉSULMA, Normalien diplômé de l’École Normale Supérieure et économiste formé à la Faculté de Droit et des Sciences Économiques de l’Université d’État d’Haïti, est journaliste et responsable de l’information à Alternance Média TV. Passionné par la diffusion d’une information claire et fiable, il s’engage à informer avec rigueur et professionnalisme. Expert en analyse économique et éducation, il combine savoir et expertise pour éclairer l’actualité et contribuer au débat public.