À quelques jours de la fin du mandat de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), le constat est amer : la présence des policiers kényans n’a pas permis d’enrayer la spirale de violence en Haïti. Loin de reculer, les gangs ont renforcé leur emprise sur de vastes régions, notamment dans l’Ouest, l’Artibonite et le Nord-Ouest.
Un discours en décalage total
Le président kényan William Ruto, à la tribune des Nations Unies, a présenté un tableau flatteur du bilan de la MMAS :
« La mission a libéré l’aéroport international, le port, le commissariat de Port-au-Prince, ainsi que plusieurs écoles et hôpitaux. Les gangs, lâches par nature, ont battu en retraite lorsqu’ils ont été confrontés. »
Mais sur le terrain, cette déclaration est perçue comme un pur mensonge. Car en réalité, les gangs continuent de dominer la capitale, d’incendier des commissariats et de semer la terreur dans les campagnes. En septembre 2025, un massacre a encore coûté la vie à 40 personnes.
Une mission en échec
Malgré 15 mois de présence, la MMAS n’a jamais réussi à sécuriser durablement les zones dites « libérées ».
- Port-au-Prince reste sous la coupe des coalitions armées.
- Dans l’Artibonite, les attaques contre commissariats et populations civiles se multiplient.
- Le Nord-Ouest est désormais infiltré par les groupes armés, qui contrôlent routes et zones rurales.
Loin d’avoir stabilisé le pays, la mission kényane a coïncidé avec une perte accrue de territoires au profit des gangs.
Une force impuissante et mal équipée
Le président kényan lui-même a admis que les véhicules blindés fournis par Washington étaient vétustes, souvent en panne, et parfois responsables de la mort de ses propres policiers. Avec seulement 40 % des effectifs prévus et sans soutien logistique solide, la mission était condamnée à l’impuissance.
Vers une nouvelle force internationale ?
Conscients de cet échec, les États-Unis et le Panama poussent désormais pour la création d’une nouvelle mission internationale, cinq fois plus importante que l’actuelle. Objectif affiché : déployer 5 500 hommes pour « chasser les gangs » sans dépendre de la police haïtienne.
Mais la faisabilité de ce projet reste floue. Comme l’a souligné Mia Mottley, Première ministre de la Barbade :
« Nous avons besoin de plus de clarté sur cette mission et sur les chiffres. »
Blocage politique persistant
À cette impasse sécuritaire s’ajoute une crise politique : le Conseil présidentiel de transition, dirigé par Laurent Saint-Cyr, n’a toujours fixé aucune date d’élections. Pourtant, il devait organiser un scrutin en novembre 2025 pour un transfert du pouvoir en février 2026.