Face aux lacunes techniques et cartographiques récurrentes, l’ANAJHAD propose six axes d’action pour renforcer la transparence et l’efficacité du vote.

L’Association Nationale des Juristes Haïtiens pour l’Avancement du Droit (ANAJHAD) a adressé ce mercredi 7 mai 2025 une note officielle, portant les signatures des juristes Wilfrid ALCIMÉ et Mélius NOÈL respectivement Coordinateur Général et Responsable de communication , au Conseil Électoral Provisoire (CEP) afin d’exprimer ses préoccupations face aux nombreux dysfonctionnements qui continuent de fragiliser le système électoral haïtien. L’organisation de juristes met particulièrement l’accent sur les lacunes techniques, logistiques et cartographiques qui ont marqué les élections antérieures, notamment celles de 2006, 2010 et 2016.

Selon le comité exécutif de l’ANAJHAD, ces défaillances, toujours présentes, compromettent sérieusement le droit de vote des citoyens, surtout dans les zones rurales et isolées. La commune de Gros-Morne, dans le département de l’Artibonite, est citée comme exemple concret où des électeurs doivent parcourir de longues distances – parfois plus de 5 kilomètres – pour atteindre un centre de vote ne correspondant pas à leur localisation réelle.

« Ce type de problème n’est pas anodin. Il entraîne une confusion administrative, décourage la participation citoyenne et constitue une atteinte au principe démocratique fondamental : le droit de vote », affirme l’ANAJHAD dans sa correspondance au CEP.

L’Association souligne également l’inadéquation entre la Liste Électorale Générale (LEG) et la Liste Électorale Partielle (LEP), qui empêche de nombreux électeurs, pourtant inscrits, de voter le jour du scrutin. Elle appelle à une mise à jour régulière de la base de données électorale, incluant des mécanismes fiables de localisation géographique des électeurs.

Dans cette optique, l’ANAJHAD propose une série de six recommandations concrètes aux membres du CEP :

  1. Faire appel à l’Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique (IHSI) pour relocaliser les électeurs déplacés par l’insécurité ;
  2. Créer une base de données répondant aux normes cartographiques modernes ;
  3. Normaliser les cartes d’identité nationales en y mentionnant uniquement la commune d’appartenance, et non les localités ;
  4. Collaborer étroitement avec l’IHSI pour cartographier les électeurs enregistrés sur les tablettes électroniques nouvellement acquises ;
  5. Lancer une vaste campagne de sensibilisation nationale sur le processus électoral ;
  6. Travailler en synergie avec les maires, les officiers d’état civil et autres autorités locales pour garantir le bon déroulement du scrutin.

Alors que le CEP se prépare à organiser les prochaines élections dans un contexte politique et sécuritaire difficile, l’ANAJHAD rappelle que la crédibilité du processus électoral dépend étroitement de la transparence et de l’inclusivité du système mis en place. Les efforts de modernisation technologique, dont l’acquisition de 15 000 tablettes par le CEP, sont salués, mais devront s’accompagner de réformes structurelles solides pour éviter les erreurs du passé.

L’organisation se dit prête à accompagner techniquement les instances électorales pour mettre en œuvre ces recommandations, dans le souci de garantir des élections libres, justes et accessibles à tous les citoyens haïtiens.

By Tanes DESULMA

Tanes DESULMA, Rédacteur en chef d’Alternance-Media, je suis diplômé en journalisme de l’ICORP et en droit public de l’École de Droit de La Sorbonne. Passionné par l’information et la justice, je m’efforce de proposer un journalisme rigoureux et engagé.