L’ombre de la corruption plane plus que jamais sur le ministère de la Défense. Selon des documents exclusifs obtenus par « Alternance Média », le ministre Jean Michel Moïse s’est une nouvelle fois illustré dans des affaires qui confirment l’existence d’un vaste système d’industrialisation de la corruption au sein de son administration.

Un garage fantôme et des millions envolés

Le ministère des Finances a récemment procédé au décaissement de 3 858 176,05 gourdes au profit de l’entreprise » CHRIST AUTO REPAIR ». Motif officiel : l’achat « d’outils mécaniques » pour le compte d’un garage censé appartenir aux Forces Armées d’Haïti (FAD’H).
Problème : après vérifications auprès des services du ministère de La Défense , ce garage n’existe tout simplement pas. Le paiement s’est donc fait au bénéfice d’une structure fictive, sous couvert d’un projet inexistant.

Une association imaginaire à Bombardopolis

Autre exemple accablant : une subvention de 3 500 000 gourdes a été accordée par le ministre à une organisation baptisée » Initiatives pour le développement de Bombardopolis ».
Là encore, tout laisse penser qu’il s’agit d’une association de façade, sans existence réelle sur le terrain. Les fonds publics se retrouvent ainsi engloutis dans des structures fantômes, montées de toutes pièces.

Des antécédents déjà lourds

Ces nouveaux cas ne sont pas isolés. Jean Michel Moïse est déjà empêtré dans une affaire d’environ 25 millions de gourdes, liée à une sombre histoire de cartes de débit. L’affaire avait d’ailleurs conduit à la démission de son directeur de cabinet, M. Emmanuel Paul, sous la pression de plusieurs organisations de défense des droits humains qui avaient saisi l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC).

Une valise pleine de cash et une garde à vue

Les ramifications de ce système ont ressurgi le mardi 19 août dernier. Mme Delinx Joseph, épouse du comptable du ministère, a été interpellée à l’aéroport Guy Malary par la DCPJ. Elle s’apprêtait à embarquer avec une valise remplie de billets en gourdes et en dollars américains à destination du Cap-Haïtien.
Placée en garde à vue, Mme Joseph a livré aux enquêteurs un témoignage explosif : selon ses déclarations, les fonds appartiendraient directement au ministre. Depuis, son mari – comptable du ministère – est activement recherché par le Bureau des affaires financières de la DCPJ.

Silence coupable du gouvernement

Face à ces révélations, une question brûlante demeure : pourquoi le Conseil Présidentiel de Transition et le chef du gouvernement persistent-ils à maintenir en poste un ministre éclaboussé par autant de scandales ?
Laisser en place un responsable déjà soupçonné d’être le moteur de cette « industrialisation de la corruption », c’est légitimer le vol institutionnalisé, c’est donner un permis de piller l’État, c’est trahir la confiance des citoyens.

Un ministre « professionnel de la corruption »

De plus, des informations recueillies par Alternance Média confirment que Jean Michel Moïse détient également la nationalité américaine, ce qui renforce l’indignation : comment un ministre, impliqué jusqu’au cou dans des affaires aussi graves, peut-il continuer à gérer un portefeuille aussi stratégique que celui de la Défense ?

La question n’est plus seulement morale ou politique. Elle engage la survie même des institutions et la crédibilité de l’État haïtien. Tant que ce ministre restera en fonction, la corruption ne sera pas seulement tolérée : elle sera institutionnalisée.

By Tanes DESULMA

Tanes DESULMA, Rédacteur en chef d’Alternance-Media, je suis diplômé en journalisme de l’ICORP et en droit public de l’École de Droit de La Sorbonne. Passionné par l’information et la justice, je m’efforce de proposer un journalisme rigoureux et engagé.