Sous couvert de journalisme, une tribune offerte aux chefs de gangs et aux dignitaires du PHTK.

Il fut un temps où les journalistes haïtiens se battaient pour informer, dénoncer, protéger la vérité. Aujourd’hui, certains ont choisi un autre chemin. Un chemin pavé de privilèges, d’argent facile et d’alliances douteuses. Guerrier Henryincarne tristement cette dérive. À travers son émission Boukante Lapawòl, il s’est érigé en porte-parole médiatique de Michel Martelly et de la coalition criminelle Viv Ansanm, jusqu’à devenir, selon beaucoup, le relais officiel des gangs.

Un analyste au train de vie suspect

Il aime dénoncer, mais n’accepte jamais qu’on l’interroge. Et pourtant, les révélations de l’OAVCT transmises à la DCPJ cette semaine sont accablantes : quinze véhicules de luxe enregistrés à son nom, sans compter plusieurs propriétés immobilières et entreprises, notamment à Carrefour et Fontamara, zones sous influence de groupes armés. D’où vient cet argent ? Certainement pas du journalisme indépendant.

Une tribune offerte aux chefs de gangs

Il suffit de revoir les archives de Boukante Lapawòl pour comprendre : la quasi-totalité des invités sont des chefs de gangs, des figures PHTK ou des individus sous sanctions internationales. Ils viennent s’y exprimer librement, sans contradiction, avec une bienveillance médiatique presque gênante. À l’inverse, les opposants à Viv Ansanm sont systématiquement insultés, diabolisés, accusés, sans jamais être invités à répondre.

André Michel et Pierre Espérance, cibles principales

Les cibles sont toujours les mêmes : Me André Michel et Pierre Espérance, figures de la société civile et de l’opposition au régime Martelly. Ils n’ont jamais été poursuivis en justice pour corruption ou liens avec les gangs. Pourtant, leurs noms sont livrés en pâture à l’opinion publique, chaque semaine, dans un simulacre de procès médiatique. Ils sont coupables d’un seul crime : avoir résisté à la montée du banditisme politique.

Une réécriture de l’histoire au service de Martelly

Guerrier Henry ose même l’absurde : affirmer que les gangs de Viv Ansanm ne sont pas le fait de Martelly, mais une création… d’André Michel. Ce discours, contraire à tous les rapports des Nations Unies, des États-Unis, du Canada ou encore de la République Dominicaine, cherche à réhabiliter un ancien président que la communauté internationale tient pour responsable de la généralisation du banditisme et de la corruption en Haïti.

Une émission au service d’un projet politique

Derrière la façade de l’analyse politique, Boukante Lapawòl est devenue un outil de communication au service du crime organisé. L’émission a d’ailleurs été suspendue par le CONATEL, preuve que les dérives étaient devenues trop graves pour rester sans réponse. Mais cela ne l’a pas arrêtée. Elle se poursuit désormais en ligne, sur Tripotay Lakay, où chaque vidéo agit comme un clip de propagande au profit de Viv Ansanm.

Être payé pour faire parler les criminels

Cerise sur le gâteau : Guerrier Henry a reconnu publiquement, sur les ondes de Caraïbes FM, qu’il est payé par ses invités pour les laisser dérouler leurs discours. Une pratique qui n’a rien à voir avec le journalisme et qui révèle la nature réelle de son travail : relation publique pour les groupes criminels.

Une menace contre la vérité et la démocratie

Il ne s’agit pas d’un simple différend entre journalistes ou d’une divergence d’analyse. Ce que représente Guerrier Henry est une menace directe contre l’information, contre la vérité, contre les principes démocratiques. Quand les médias se mettent au service de la terreur, ce sont les citoyens qui en paient le prix.


Guerrier Henry n’est pas un journaliste. Il est devenu le porte-voix des forces les plus obscures de ce pays. Et tant qu’on laissera ces micros s’ériger en tribunaux de la haine, la parole des justes sera étouffée par le vacarme des criminels.

By Tanes DESULMA

Tanes DESULMA, Rédacteur en chef d’Alternance-Media, je suis diplômé en journalisme de l’ICORP et en droit public de l’École de Droit de La Sorbonne. Passionné par l’information et la justice, je m’efforce de proposer un journalisme rigoureux et engagé.