Par Smith PRINVIL
Lundi 28 avril 2025 – À bord de camions et de tricycles, plus d’une centaine de migrants haïtiens en situation irrégulière en République Dominicaine ont choisi de rentrer volontairement en Haïti, franchissant la frontière de Dajabón–Ouanaminthe, dans le Nord-Est du pays. Ce retour, à la fois discret et lourd de symboles, met en lumière la précarité et la pression constante subies par les migrants haïtiens sur le sol voisin.
Ce départ massif intervient dans un contexte tendu. Quelques jours plus tôt, le 25 avril, le ministre haïtien des Affaires étrangères, SEM Jean-Victor Harvel Jean-Baptiste, recevait l’ambassadeur dominicain en poste à Port-au-Prince, M. Faruk Miguel Castillo. À l’agenda de cette rencontre diplomatique : les traitements inhumains infligés à nos ressortissants, en particulier aux femmes enceintes et allaitantes.
Ces préoccupations ne sont pas nouvelles. Amnesty International a récemment tiré la sonnette d’alarme, dénonçant les violences physiques, les humiliations et les conditions de détention dégradantes auxquelles sont confrontés les migrants haïtiens de l’autre côté de la frontière.
Alors que la République Dominicaine renforce ses mécanismes de contrôle et que le gouvernement haïtien tente de faire entendre sa voix sur la scène diplomatique, les migrants, eux, continuent de payer le prix d’un système migratoire déséquilibré et d’un désintérêt politique prolongé.
Ces retours “volontaires” sont-ils vraiment libres de toute contrainte ? Ou traduisent-ils un aveu d’échec collectif face à l’incapacité des autorités haïtiennes à offrir une alternative viable à ses citoyens ?
La question demeure entière. Ce qui est certain, c’est que derrière ces mouvements de population, se cache un drame humain silencieux, trop souvent ignoré. Il est temps que le dialogue haïtiano-dominicain soit centré non seulement sur les intérêts politiques et sécuritaires, mais surtout sur le respect des droits fondamentaux des migrants.