Ils étaient censés informer, questionner, dénoncer.
Mais en Haïti, nombre de journalistes ont troqué leur plume contre un passeport diplomatique.
Derrière les micros, ce ne sont plus des voix libres, mais des porte-paroles déguisés, récompensés pour leur silence ou leur loyauté.
La presse, pilier de la démocratie, s’effondre sous le poids des complicités, des nominations de convenance et de la trahison.
1. Le scandale des nominations : un ministère transformé en agence de placement familial
Le ministre des Affaires étrangères, Harvel Jean-Baptiste, tente de se laver les mains :
« Je ne suis pas l’instigateur de ces décisions, je lave mes mains dans cette affaire. »
Mais les faits sont accablants :
- Dayana Fernand, épouse de Blondson Délien (Clin D’Oeil Info), nommée à Boston sur recommandation présidentielle.
- Épouse d’Esaïe César, envoyée aux Bahamas.
- Rédacteur en chef de Clin D’Oeil Info, affecté à Atlanta.
- Journaliste Juno Jean-Baptiste, nommé au Canada.
- Gerfrid Vertus, proche d’un conseiller, placé au Canada.
- Compagne d’Emmanuel Vertilaire, affectée aux Bahamas.
- Épouse d’Évallière Beauplan, envoyée à Orlando.
- Épouse du journaliste Guerrier Dieuseul, déjà en poste à Orlando.
Un festival de népotisme diplomatique.

2. Médias ou machines de propagande ?
Depuis plus d’une décennie, la presse haïtienne s’est alignée sur les intérêts des puissants :

- Chefs de gangs
- Politiciens corrompus
- Hommes d’affaires sulfureux
Certains médias, comme Métronome, Matin Débat, Boukante la Parole,Clin D’Oeil Info, ne sont plus des observateurs, mais des acteurs du pouvoir. Des nominations diplomatiques dans leurs rangs : simple hasard ou remerciement politique ?
3. La complicité médiatique avec les gangs et les mafias
Les studios de radio accueillent toujours les mêmes : Magalie Habitant, Nenel Cassy, Joseph Lambert, … malgré les sanctions de Washington, Ottawa, l’ONU, la République Dominicaine.
Et que dire du silence autour des grands barons économiques ?
Biggio, Accra, Mez, Abdallah, Baussan, Apaid, Kiko Saint-Rémy, Vorbe…
Jamais interrogés, jamais inquiétés.
La presse a troqué l’enquête contre la connivence.
4. Une presse qui se vend au plus offrant
Le journalisme haïtien n’est plus une vocation :C’est une voie express vers des privilèges diplomatiques, des postes à l’étranger, des salaires en dollars.Pendant ce temps, des milliers de jeunes diplômés, compétents et patriotes, sont écartés, faute de parrain ou de piston.
Le mérite ne vaut rien.
La loyauté politique vaut tout.
5. Et la diplomatie dans tout ça ?
La diplomatie n’est pas une récompense, c’est une mission.
La Convention de Vienne (1961) définit ses fonctions :
- Représenter l’État
- Protéger ses intérêts
- Négocier avec d’autres États
- Informer sur les réalités locales
- Développer les relations internationales
Mais dans les faits, nos ambassades sont des zones franches de copinage, vidées de toute compétence.
La presse haïtienne n’informe plus, elle négocie
Ils ont vendu leurs micros.
Trahi leur mission.
Piétiné la vérité.
Les journalistes haïtiens devenusdiplomates ne sont pas des victimes du système : ils en sont les complices, les bénéficiaires et les architectes.Ils étouffent les voix libres, pervertissent le débat public, instrumentalisent l’opinion.
Tandis que le pays sombre, eux montent dans les avions. Direction : Bahamas, Orlando, Ottawa.
Ce ne sont pas les gangs armés qui prendront le pouvoir.
Ce sont leurs agents de presse, bien habillés, bien placés, et désormais… protégés par l’immunité diplomatique.
La presse est devenue le cheval de Troie d’une occupation silencieuse.