À croire que le Conseil présidentiel de transition (CPT) et la chapelle politique RED ont décidé de tester jusqu’où les Haïtiens peuvent tolérer le scandale. Après avoir écarté Jean Michel Moïse, ministre éclaboussé par la corruption et en guerre ouverte avec les militaires, voilà qu’ils sortent de leur chapeau un nom qui fleure bon le désastre : Patrick Norzéus.

Le retour d’un naufrageur

Ancien maire de Delmas (1995–2000), Patrick Norzéus a laissé derrière lui une mairie en faillite totale. Son comptable a fini au Pénitencier national. Lui, miraculeusement, a échappé à la prison grâce à la protection de son parrain politique, l’ex-Premier ministre Yvon Neptune. À l’époque, le ministère de l’Intérieur avait dû placer la mairie sous tutelle et lui retirer le droit de signature tant ses dépenses étaient folles.

Plus de 3 000 employés sur le dos des contribuables, dont une armée de militants Lavalas et une partie de sa famille installée à Baradères (Nippes). Ajoutons à cela la location de véhicules de luxe chez AVIS pour dignitaires, proches et amis politiques. Résultat : caisse vide, crédibilité zéro.

Du SEMANAH au néant

Entre 2001 et 2004, placé à la tête du SEMANAH, Norzéus n’a pas redressé la barre. Au contraire, il a coulé plus vite que ses propres navires. Même Jean-Bertrand Aristide, pourtant indulgent envers ses fidèles, avait conclu qu’il était incapable de gérer un ministère.

Parlementaire fantôme

Deux fois député de Baradères, il n’a jamais produit la moindre proposition de loi, ni même un rapport digne de ce nom. Sa contribution au Parlement ? Zéro.
Pire, le 25 mai 2021, sur les ondes de SCOOP FM, il a admis en direct avoir touché de l’argent pour voter la ratification du Premier ministre désigné Fritz William Michel, avant d’attaquer son ancien collègue A. Rodon Bien-Aimé.

Une insulte à la Défense nationale

Confier le ministère de la Défense — déjà englué dans des scandales — à Patrick Norzéus, c’est comme nommer un pyromane à la tête des pompiers. C’est offrir les clés de la maison à celui qui a déjà prouvé qu’il savait mieux que quiconque la mettre en ruine.

Si RED et le CPT avaient voulu envoyer un signal de mépris total à l’opinion publique, ils n’auraient pas trouvé mieux. Norzéus n’est pas un choix : c’est une provocation. Un cheval de retour qui n’apporte ni compétence, ni intégrité, ni vision. Juste un lourd passif de gabegie et de compromissions.

changez de joker

Dans un moment où la Défense nationale a besoin de crédibilité, de rigueur et d’une stratégie claire, proposer Patrick Norzéus relève de l’insulte nationale. RED ferait mieux de ranger ce nom dans le tiroir des mauvais souvenirs et de chercher quelqu’un qui ne confondra pas ministère et caisse personnelle.

Sinon, autant rebaptiser le Ministère de la Défense : Ministère du naufrage assuré.

By Tanes DESULMA

Tanes DESULMA, Rédacteur en chef d’Alternance-Media, je suis diplômé en journalisme de l’ICORP et en droit public de l’École de Droit de La Sorbonne. Passionné par l’information et la justice, je m’efforce de proposer un journalisme rigoureux et engagé.