Sous couvert de feuille de route, le CPT avance avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête
Ce mercredi 20 août, le Secrétaire général de l’Organisation des États Américains (OEA), Albert Ramdin, doit présenter devant le Conseil permanent une feuille de route pour Haïti. Sur le papier, il s’agit d’un plan global et ambitieux : promouvoir la paix, la stabilité et le développement, avec le soutien de la communauté internationale – ONU, CARICOM et autres partenaires . Une initiative nécessaire, diront certains, face à l’effondrement de l’État haïtien et à l’urgence humanitaire.
Mais derrière le vernis diplomatique, une réalité moins reluisante se dessine. Cette feuille de route est aussi le symbole d’un pouvoir de transition tenu en laisse. Le Conseil Présidentiel de Transition (CPT), déjà affaibli par ses propres divisions et une contestation interne croissante, se retrouve placé sous haute surveillance internationale. Chaque pas, chaque décision, chaque calendrier sera dicté, ou du moins validé, par ceux qui tiennent aujourd’hui les clés de l’aide et du soutien extérieur.
On parle d’« accompagnement », mais c’est en réalité une épée de Damoclès suspendue au-dessus du CPT. Si les engagements ne sont pas respectés, si les réformes promises tardent, si la sécurité n’est pas rétablie, alors le spectre d’un retrait de soutien ou d’une révision des alliances plane en permanence.
Haïti a-t-il encore les moyens de tracer son propre chemin ? Ou bien avance-t-il dans un couloir étroit, balisé par la communauté internationale, où la marge d’autonomie nationale se réduit comme peau de chagrin ?
Soyons clairs : oui, Haïti a besoin d’un cadre. Oui, une vision partagée pour restaurer la paix et la stabilité est indispensable. Mais si cette feuille de route devient avant tout un instrument de contrôle, alors ce n’est pas une reconstruction, c’est une tutelle déguisée.
L’histoire récente l’a montré : aucune solution imposée de l’extérieur n’a jamais tenu durablement en Haïti. Ce pays ne pourra se relever qu’en retrouvant la confiance dans ses propres institutions, dans ses propres élites, dans son propre peuple.
La feuille de route de l’OEA peut être un guide. Mais elle ne doit pas être une laisse. Car un peuple mené en laisse ne marche pas vers la liberté : il est conduit. Et Haïti mérite mieux qu’une dépendance perpétuelle, même enrobée des meilleures intentions.